Les Hauts de Hurlevent, d’Emily Brontë

J’ai lu Les Hauts de Hurlevent trois fois en anglais, et je compte bien le relire une quatrième fois tant je trouve ce roman fascinant. Romantique aux accents gothiques, réaliste teinté de fantastique, l’œuvre d’Emily Brontë est un monde à part entière, poétique et mystérieux, lande balayée par les vents dont la beauté n’a d’égale que l’étrange cruauté. Beauté qui commence dès le titre original, Wuthering Heights, plutôt bien rendu par la traduction française. Beauté difficile d’accès aussi, pour le lecteur qui suit Mr. Lockwood, citadin dont le récit à la première personne est écrit dans un style si ampoulé qu’il a bien failli me décourager. Heureusement, c’est ensuite Nelly Dean qui prend la parole,...

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Frankenstein ou le Prométhée moderne, de Mary Shelley

Frankenstein est un roman aussi court qu’intense, et l’un des plus universellement mal interprétés que je connaisse. Sans avoir lu de critiques poussées sur cette œuvre, je l’ai abordée avec en tête le cliché classique du méchant zombie à abattre. Je m’attendais à une histoire qui fait peur : Mary Shelley a écrit ce texte dans le cadre d’un concours sur le sujet de la peur (concours qu’elle a d’ailleurs remporté) et toutes les références cinématographiques à Frankenstein tournent autour de la peur. Or, pour moi, le vrai sujet de ce livre est l’amour. Vous connaissez tous le sujet : le brillant docteur Frankenstein parvient, aux termes de longues recherches, à insuffler la vie dans un corps recréé à partir de...

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Orgueil et Préjugés, de Jane Austen

Que dire de cette histoire d’amour connue entre toutes sans répéter ce que d’autres ont déjà écrit ? Une question me semble les résumer toutes. Pourquoi une telle œuvre a-t-elle rencontré pareil succès ? Orgueil et Préjugés réunit de nombreux éléments éculés que les romances actuelles ont usé jusqu’à la corde : un homme riche et arrogant rencontre une femme pauvre mais fièrement indépendante dont la beauté et l’intelligence finissent par le conquérir. Où se situe l’originalité de ce roman ? Il y a plusieurs réponses à cette interrogation. La première me semble contenue dans le genre romanesque lui-même : le roman tel que nous le connaissons, avec son réalisme et ses développements psychologiques, n’est né qu’au XVIIIème...

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Le Lys dans la vallée, d’Honoré de Balzac

Le Lys dans la vallée raconte l’histoire de Félix de Vandenesse, jeune échappé de province qui se lance dans la vie parisienne. À l’inverse d’autres figures balzaciennes comme Lucien de Rubempré ou Eugène de Rastignac, Félix est happé hors de Paris sitôt après y être entré, puisqu’il tombe amoureux d’une femme de la province. Ce roman est le récit de cet amour. J’ai adoré ce livre, car on se retrouve plus facilement dans le personnage de Félix, candide, généreux et impulsif, que dans Lucien et Eugène. Lucien est plus faible, Eugène plus cynique, tous deux sont plus ambitieux. Félix veut être heureux. La scène d’ouverture du roman, où il rencontre Madame de Mortsauf, est un passage amoureux remarquable de spontanéité et de...

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Les Misérables, de Victor Hugo

Ce roman est le seul qui m’ait fait pleurer. J’ai mis trois jours à me remettre de la fin, et j’en ai rêvé deux nuits. Aucun autre livre ne m’a autant marquée. Est-il besoin de le résumer ? Peut-on raconter des personnages comme Jean Valjean, Cosette, Fantine et Javert ? Cosette est presque entrée dans le dictionnaire, tant elle représente à la perfection l’enfant martyr. Mais ces personnages ne sont pas des stéréotypes, et c’est pour cette raison qu’ils ont marqué autant de générations de lecteurs. Cosette adulte devient coquette, Javert est un homme profondément droit ; seuls Fantine et Jean Valjean ont le cœur véritablement bon. Ils souffrent pourtant, plus qu’aucun autre personnage des Misérables, et c’est...

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La Belle et la Bête, de Mme Leprince de Beaumont

Ce conte est l’un de mes préférés. Repris d’un conte original de Mme de Villeneuve, lui-même tiré d’un conte ancien de tradition orale, ses origines se perdent dans les limbes de l’humanité. Le talent de Mme Leprince de Beaumont a été de lui donner une forme succinte, et d’en faire un concentré de sens plus efficace que la version très en longueur de celle qui l’a précédé. Vous connaissez tous l’histoire de Belle qui, pour sauver son père, prend sa place dans le château de la Bête. Château enchanté, peuplé de serviteurs invisibles, et Bête aimable, dont la douceur et l’intelligence finissent par séduire Belle. La malédiction est brisée par l’amour, et c’est ainsi que la Bête redevient homme. La morale est très proche de Riquet à la Houppe ou du Prince...

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Le Décaméron, de Boccace

Le Décaméron est un recueil de cent contes du XIVème siècle. Dix personnages fuient la peste de Florence dans des palais utopiques : pour se divertir, ils racontent chacun une histoire par jour pendant dix jours. Chaque jour a un thème imposé, de l’amour aux histoires qui finissent mal en passant par les aventures dangereuses. Si le titre, l’auteur ou l’époque vous effraient, rassurez-vous : Le Décaméron est un livre résolument drôle, et étonnamment moderne. Les femmes trompent tour à tour maris trop vieux et parents trop sévères, l’intelligence triomphe de la bêtise, et peu importe que l’on soit chrétien ou athée. Quantité de fables vous sembleront familières, tant Boccace a été repris et adapté. Plusieurs contes grivois m’ont...

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