Frankenstein ou le Prométhée moderne, de Mary Shelley

Frankenstein est un roman aussi court qu’intense, et l’un des plus universellement mal interprétés que je connaisse. Sans avoir lu de critiques poussées sur cette œuvre, je l’ai abordée avec en tête le cliché classique du méchant zombie à abattre. Je m’attendais à une histoire qui fait peur : Mary Shelley a écrit ce texte dans le cadre d’un concours sur le sujet de la peur (concours qu’elle a d’ailleurs remporté) et toutes les références cinématographiques à Frankenstein tournent autour de la peur. Or, pour moi, le vrai sujet de ce livre est l’amour. Vous connaissez tous le sujet : le brillant docteur Frankenstein parvient, aux termes de longues recherches, à insuffler la vie dans un corps recréé à partir de...

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Dune, de Frank Herbert

Que dire de Dune ? C’est une œuvre à la fois littéraire, philosophique, écologique et psychologique. Une écriture élaborée, de belles descriptions, et une infinité de thèmes qui s’entrecroisent et dépendent les uns des autres. J’ai adoré cette complexité, et le fait que tout ne soit pas explicité : Dune n’est qu’un épisode dans une vaste Histoire qui dépasse tous les personnages et toutes les époques. On peut le situer aussi bien dans l’avenir que dans le passé, ou dans un autre présent. L’univers de Dune est incroyablement riche et complexe : paradoxalement, ses personnages m’ont semblé relativement creux. Il y a Paul, le héros tout puissant, et prophète impuissant devant les tragédies de l’avenir. Il y a...

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La Mort vivante, de Stefan Wul

Avec un titre aussi intrigant que contradictoire, cette nouvelle est, des trois que j’ai lues de Stefan Wul, celle que j’ai préférée. Ce n’est pas seulement un énième scénario post-apocalyptique, doublé d’une expérimentation à la Frankenstein : c’est avant tout une passionnante réflexion sur la nature de la vie. J’ai longtemps réfléchi après l’avoir achevée, et je ne parviens toujours pas à déterminer si la fin est heureuse ou non. La Mort vivante raconte l’histoire d’un sympathique biologiste, qui habite sur une Vénus accueillante bien que très puritaine. Mais la religion n’aime pas le savoir, et notre scientifique se retrouve contraint d’aller sur une Terre toxique, presque intégralement sous les...

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Une descente dans le Maelström, d’Edgar Poe

Parmi les nombreuses nouvelles d’Edgar Poe, Une descente dans le Maelström est de celles qui m’ont le plus marquée. Le narrateur écoute un homme raconter comment il a survécu à un maelström géant qui a tué ses deux frères. Avant de lire cette nouvelle, je n’avais du maelström que l’image des films hollywoodiens : un tourbillon sans fond qui entraîne tout sur son passage. Ce qui a fait la différence est la plume d’Edgar Allan Poe. Il décrit les effets du maelström autant que son aspect, du point de vue d’un homme qui y tombe, et se fait balloter comme un fétu de paille par les vagues géantes. En le lisant, j’avais l’impression d’y être. J’étais aussi saisie que le narrateur par la beauté de ce titan...

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1984, de George Orwell

1984 est un roman terrifiant. Peinture parfaite d’un totalitarisme sans faille, il dépeint le monde tel qu’on n’espère jamais le voir. Les pays n’existent plus, les individus disparaissent, mais le plus terrible, c’est que même la résistance est organisée par l’État. Nous suivons le personnage de Winston Smith, dont le nom est si banal qu’il pourrait désigner n’importe qui. Son parcours rappelle aussi celui de tous les héros : il lutte, découvre l’amour, se rebelle avec de plus en plus de détermination. Mais tout s’avère faux, et tout le monde, hormis la femme qu’il aime. Les derniers chapitres du livre sont consacrés à détruire cet amour, car le système totalitaire dédie un ministère entier à...

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Un bonheur insoutenable, d’Ira Levin

Un bonheur insoutenable raconte l’histoire de Copeau, qui vit dans un monde futuriste parfait. Toutes les inégalités et les injustices ont été rayées de la surface de la Terre : tout le monde a la même apparence, même couleur d’yeux et de cheveux, et l’ensemble des prénoms possibles a été réduit à huit. Les décisions importantes sont prises par un ordinateur géant qui contrôle les hommes de manière rationnelle. Chacun reçoit chaque semaine une injection d’un produit qui calme l’agressivité et décuple l’empathie, au détriment de la créativité et de l’esprit d’initiative. Dans ce livre très bien pensé, tout est si parfait que l’esprit le plus pointilliste n’y trouverait rien à redire. C’est...

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