1984, de George Orwell
1984 est un roman terrifiant. Peinture parfaite d’un totalitarisme sans faille, il dépeint le monde tel qu’on n’espère jamais le voir. Les pays n’existent plus, les individus disparaissent, mais le plus terrible, c’est que même la résistance est organisée par l’État.
Nous suivons le personnage de Winston Smith, dont le nom est si banal qu’il pourrait désigner n’importe qui. Son parcours rappelle aussi celui de tous les héros : il lutte, découvre l’amour, se rebelle avec de plus en plus de détermination. Mais tout s’avère faux, et tout le monde, hormis la femme qu’il aime. Les derniers chapitres du livre sont consacrés à détruire cet amour, car le système totalitaire dédie un ministère entier à l’annihilation de tout germe de liberté dans chaque individu.
Ce qui m’a le plus saisie dans ce roman est son réalisme. Les personnages, ni trop courageux, ni trop beaux, ni trop mauvais, sont assez médiocres pour que chacun de nous puisse s’y reconnaître. La propagande, les tortures, la misère des masses et la police politique sont une combinaison des différents totalitarismes du XXème siècle : nazisme, communisme et fascisme. Rien ne sépare de notre monde cette réalité alternative, où la mort est préférable à la vie : la magie n’est pas nécessaire, et la technologie est assez développée, pour que la Terre devienne l’enfer décrit par Orwell.
Notre meilleure protection réside peut-être dans notre imperfection même. Aucun système politique n’a eu jusqu’à présent la dangereuse idée d’organiser sa propre résistance ; nul dictateur ne mettrait autant d’argent à réimprimer des journaux vieux de plusieurs années pour organiser le mensonge, ou à torturer ses dissidents avec un tel raffinement. C’est cette négligence typiquement humaine qui nous sauve de nous-mêmes.
1984 raconte l’histoire de la destruction de l’individu, et de la fin de l’humanité : mais en montrant le pire, il nous fait prendre conscience du meilleur. Pour détruire l’humain, il faut le définir, et cesser d’être humain soi-même ; tant que l’on n’est pas réduit à l’état de machine systématique, cette barrière ne sera pas franchie. Je n’ai jamais été aussi heureuse de vivre qu’après avoir fini ce livre.
♦
Et vous, qu’en pensez-vous ? Quel aspect de 1984 vous a le plus marqué ? Discutez-en ici 🙂