Une descente dans le Maelström, d’Edgar Poe
Parmi les nombreuses nouvelles d’Edgar Poe, Une descente dans le Maelström est de celles qui m’ont le plus marquée. Le narrateur écoute un homme raconter comment il a survécu à un maelström géant qui a tué ses deux frères.
Avant de lire cette nouvelle, je n’avais du maelström que l’image des films hollywoodiens : un tourbillon sans fond qui entraîne tout sur son passage. Ce qui a fait la différence est la plume d’Edgar Allan Poe. Il décrit les effets du maelström autant que son aspect, du point de vue d’un homme qui y tombe, et se fait balloter comme un fétu de paille par les vagues géantes. En le lisant, j’avais l’impression d’y être. J’étais aussi saisie que le narrateur par la beauté de ce titan naturel, aussi impuissante et terrifiée à l’idée de mourir. Un mélange des genres qui se distingue des autres nouvelles de Poe, où la peur domine davantage la fascination, voire l’écarte totalement.
Finalement sauvé par un sens logique aussi impromptu qu’incroyable, le narrateur n’en reste pas moins changé à jamais. La peur l’a fait vieillir d’un coup, et il raconte son histoire en sachant que personne ne le croira jamais. Le narrateur laisse le lecteur à sa propre conclusion, mais le talent de Poe est de nous faire souhaiter que les maelströms existent. Peut-être parce que, mêlant la peur à la beauté, il est parvenu au sublime loué par les classiques : la peinture de quelque chose qui transcende le beau, auquel se mêle un sentiment de crainte. Tel un dieu antique… Ou un maelström géant.
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Et vous, avez-vous lu cette nouvelle ? L’avez-vous aimée, ou préférez-vous une autre nouvelle d’Edgar Poe ? Discutez-en ici 🙂
Cet article vous intrigue ? Pour lire le texte original, rendez-vous sur Poe stories. Si vous préférez le lire en Français, la traduction de Baudelaire est sur Wikipédia !
Ce me qui frappe entre autres dans cette nouvlle, ce sont les images séquentielles des métamorphoses subies par l’état d’sprit du narrateur: de la peur panique au départ vers une admiration de la création divine et sa propre petitesse, la honte d’avoir trop pensé à sa survie; une honte libératrice de la crainte, remplacée par la curiosité et l’étude du phénomène (ce qui le sauvera ultimement), la capacité regagnée d’action (il s’attache au baril et se jette à l’eau) et l’humanité (il demande à son frère à en faire autant).
Votre analyse est très juste ! L’évolution du narrateur fait tout le sel de cette nouvelle : la peur laisse place à la fascination et à une sorte d’extériorisation. En s’oubliant un instant, le personnage se sauve… J’ai beaucoup apprécié ce mélange, que l’on ne retrouve pas dans toutes les nouvelles d’Edgar Poe. 🙂