Le prince Fatal et le prince Fortuné, de Mme Leprince de Beaumont

Auteur de la version moderne de La Belle et la Bête, Mme Leprince de Beaumont a écrit de nombreux autres contes, dans la plus pure tradition du XVIIIème siècle. Chacun d’entre eux souligne l’importance de la vertu, de l’éducation et de la droiture en toutes choses, mais Le prince Fatal et le prince Fortuné fait partie des plus originaux. C’est le récit de deux frères jumeaux : Fatal, doté par sa fée marraine « de toutes sortes de malheurs jusqu’à l’âge de vingt-cinq ans », et Fortuné, dont sa mère a souhaité « qu’il réussisse toujours dans tout ce qu’il voudra faire ». Deux dons qui marquent pour le pauvre Fatal le début d’une série d’injustices, et qui réservent quelques surprises aux parents du...

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La Petite Sirène, de Hans Christian Andersen

Un palais sous-marin empli de sable fin, de perles et de fleurs merveilleuses. Des sirènes à la longue chevelure et aux voix enchanteresses. Un amour impossible, jalonné de souffrance et de sacrifices… Si toutes les adaptations de La Petite Sirène sont fidèles à l’un de ces aspects du conte, aucune n’égale l’œuvre originale de Hans Christian Andersen. Poésie, magie et tragédie y dialoguent, tissant un texte d’une grande beauté. Avec Frankenstein, ce conte est l’une des plus belles histoires d’amour que j’aie lues : la créature et la sirène ont en commun de n’avoir pas de nom, et d’aimer sans être aimés en retour. S’il n’est sans doute pas nécessaire de résumer cette histoire que nous...

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Les contes de l’Alhambra, de Washington Irving

Où classer cette œuvre aux multiples facettes ? Les contes de l’Alhambra de Washington Irving est-il assez connu pour figurer parmi les grands classiques ? J’ai préféré placer ce curieux volume, à la croisée du récit de voyage et du recueil de contes, dans la rubrique des contes et nouvelles. L’histoire qu’a vécue Washington Irving est un conte à elle seule : logé dans les appartements du gouverneur, au cœur du palais de l’Alhambra à Grenade, pendant plusieurs semaines, l’auteur de La Légende de Sleepy Hollow nous décrit les tours écarlates, les arabesques des salons et les jardins intérieurs tels qu’ils étaient en 1832. Pourrait-on ajouter l’étiquette de guide touristique à ce livre hors normes ? La première partie...

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Les Deux Enfants Royaux, des frères Grimm

Les Deux Enfants Royaux est un de mes contes préférés : il mêle à certains éléments originaux plusieurs épisodes que l’on retrouve de manière individualisée dans de nombreux contes, tels que Dénichet ou La Plume de Finist-Clair-Faucon. Il s’avère plutôt difficile à trouver sur Internet, et vous ne l’aurez sans doute pas lu à moins d’avoir parcouru les contes de Grimm dans leur entier : je me permettrai donc de vous le raconter en détail. L’histoire commence avec prince sous le joug d’une malédiction, qui le condamne à mourir à ses 16 ans à cause d’un cerf. Le jour dit, voilà que le prince chasse un mystérieux cerf pendant plusieurs heures. Le cerf, qui s’avère enchanté, le conduit à un château : là-bas, un roi...

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Les mots perdus, de Catulle Mendès

Ce conte de 1888 fait partie de ceux qui se lisent une fois, et se retiennent longtemps. L’intrigue est simple : une fée, courroucée pour une raison que l’histoire ne dit pas, décide de punir le pays qui l’a offensée en rayant de la mémoire de ses habitants les mots « Je vous aime ». Privés de cette phrase toute simple, cette province finit bientôt par dépérir. L’amour existe toujours mais ne peut plus se dire, et toutes les romances périclitent… Jusqu’à ce que la fée se retrouve prise à son propre piège. On retrouve dans Les mots perdus le style élégant du XIXème siècle : des phrases longues, bien construites, efficaces, poétiques et non dénuées de satire dans l’exagération des caractères. Ainsi du rire de la fée « qui...

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Blanche-Neige et ses versions

Blanche-Neige est un des contes les plus célèbres et les plus repris. Pourquoi fascine-t-il autant ? La princesse, belle et naïve, ne se démarque pas des autres héroïnes de contes de fées. Il faut donc que l’originalité de cette histoire réside ailleurs, notamment dans le personnage de la reine, belle, cruelle et sorcière : autant de caractéristiques que peu d’antagonistes féminins réunissent dans les textes de Grimm. Pourtant, cela ne suffit pas, et peut-être est-ce le mélange de ces éléments avec le comique des nains, et le réalisme de certaines situations, qui fait l’originalité du conte, et a donné lieu à autant de réinterprétations. Avant d’évoquer les reprises, rappelons la première version des frères Grimm. J’ai été frappée...

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Le conte du genévrier, des frères Grimm

Le conte du genévrier commence comme Blanche-Neige. Il y a du sang sur la neige, il y a une marâtre et un enfant persécuté ; mais cette fois l’enfant est un garçon, et l’histoire tourne vite à la tragédie Atride. J’ai rarement lu un conte d’une telle noirceur, où les actions sanglantes côtoient l’innocence la plus pure. L’écriture est légère, presque poétique, et l’horreur succède sans prévenir à la joie de vivre. Le bon et le mauvais s’enchaînent à un rythme haletant : l’indifférence du narrateur devant les événements n’est pas sans rappeler la dureté de la vie elle-même, qui poursuit son cours quoi qu’il arrive. On retrouve également dans Le conte du genévrier beaucoup de symbolique. Le cercle...

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