Cendrillon, de Perrault et de Grimm

Cendrillon est un conte universel. Qui ne connaît pas l’histoire de cette pauvre fille maltraitée par sa belle-famille, dont la beauté et la gentillesse triomphent lorsqu’elle épouse le prince que ses méchantes sœurs convoitaient ? La juste récompense de la bonté et de l’innocence se retrouve dans de nombreux contes de fées : alors pourquoi Cendrillon est-il un des plus populaires ? Que ce soit chez Grimm ou Perrault, il y a ce détail qui n’en est pas un : la pantoufle qui permet au prince de retrouver sa dulcinée. Au-delà de la métaphore sexuelle évidente, c’est aussi le parallèle sentimental de deux âmes qui trouvent chacune « chaussure à leur pied ». C’est ce côté unique de l’amour vrai, qui ne repose pas simplement...

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La petite souris grise, de la Comtesse de Ségur

J’adore tous les contes de la Comtesse de Ségur : ils donnent à voir un univers original, des personnages attachants et des histoires pleines de rebondissements. Pourquoi, alors, choisir d’écrire sur ce conte plutôt que sur un autre ? Peut-être parce que, de tous ceux que la Comtesse a écrit, c’est celui dont l’héroïne est la moins parfaite. Rosalie est la fille d’un génie. Elle est née pendant un conflit critique entre son père et la fée Détestable : celle-ci a profité d’un moment d’absence pour s’introduire auprès du nourrisson et la doter de tous les défauts possibles. Son père est parvenu à la sauver de justesse… Mais la fée a tout de même eu le temps de lui donner une dévorante curiosité. Le conte est le récit du combat de Rosalie contre cette curiosité....

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Marmoisan ou l’innocente tromperie, de Mademoiselle L’Héritier

Marmoisan raconte l’histoire de Mulan à la mode européenne du XVIIème siècle. Pour éviter à son père le déshonneur, Léonore prend la place de son frère décédé dans l’armée du roi, et devient Marmoisan, tandis que sa sœur se fait passer pour un valet. J’ai trouvé ce conte drôle et juste à la fois. Les défauts des deux sexes y sont peints avec une fraîcheur intemporelle : dans le camp, toute la gente soldatesque admire Marmoisan, qui se garde si bien des plaisirs de la chair et de la boisson, et manie son épée avec autant de brio que sa langue. A contrario, Marmoisan doit prend garde à ne pas rire trop fort, et à ne pas « témoigner beaucoup de chagrin […] pour du linge mal blanchi et des habits mal pliés […] car ce n’est pas le défaut des hommes d’être si...

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La Belle et la Bête, de Mme Leprince de Beaumont

Ce conte est l’un de mes préférés. Repris d’un conte original de Mme de Villeneuve, lui-même tiré d’un conte ancien de tradition orale, ses origines se perdent dans les limbes de l’humanité. Le talent de Mme Leprince de Beaumont a été de lui donner une forme succinte, et d’en faire un concentré de sens plus efficace que la version très en longueur de celle qui l’a précédé. Vous connaissez tous l’histoire de Belle qui, pour sauver son père, prend sa place dans le château de la Bête. Château enchanté, peuplé de serviteurs invisibles, et Bête aimable, dont la douceur et l’intelligence finissent par séduire Belle. La malédiction est brisée par l’amour, et c’est ainsi que la Bête redevient homme. La morale est très proche de Riquet à la Houppe ou du Prince...

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