Les contes de l’Alhambra, de Washington Irving

Où classer cette œuvre aux multiples facettes ? Les contes de l’Alhambra de Washington Irving est-il assez connu pour figurer parmi les grands classiques ? J’ai préféré placer ce curieux volume, à la croisée du récit de voyage et du recueil de contes, dans la rubrique des contes et nouvelles. L’histoire qu’a vécue Washington Irving est un conte à elle seule : logé dans les appartements du gouverneur, au cœur du palais de l’Alhambra à Grenade, pendant plusieurs semaines, l’auteur de La Légende de Sleepy Hollow nous décrit les tours écarlates, les arabesques des salons et les jardins intérieurs tels qu’ils étaient en 1832. Pourrait-on ajouter l’étiquette de guide touristique à ce livre hors normes ? La première partie...

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Fragments sauvés des ruines de mon esprit, de Philip José Farmer

Cette longue nouvelle de Farmer, parfait et angoissant exemple de mise en abyme, pose des questions terrifiantes sur la base d’une histoire incroyablement simple. La Terre est confrontée à l’arrivée d’une mystérieuse Sphère dans l’espace. On ignore si elle est peuplée d’extra-terrestres hostiles : toujours est-il que, suite à son apparition, tous les êtres humains de la planète s’éveillent en ayant oublié les trois jours qui précèdent le 1er juin 1980. Le 2 juin ils ont oublié la veille ainsi que trois jours de plus en remontant le temps, et ainsi de suite jusqu’à ce que 32 ans d’existence soient effacés… Fragments sauvés des ruines de mon esprit donne à lire les enregistrements audio de Mark, Américain moyen....

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Les Deux Enfants Royaux, des frères Grimm

Les Deux Enfants Royaux est un de mes contes préférés : il mêle à certains éléments originaux plusieurs épisodes que l’on retrouve de manière individualisée dans de nombreux contes, tels que Dénichet ou La Plume de Finist-Clair-Faucon. Il s’avère plutôt difficile à trouver sur Internet, et vous ne l’aurez sans doute pas lu à moins d’avoir parcouru les contes de Grimm dans leur entier : je me permettrai donc de vous le raconter en détail. L’histoire commence avec prince sous le joug d’une malédiction, qui le condamne à mourir à ses 16 ans à cause d’un cerf. Le jour dit, voilà que le prince chasse un mystérieux cerf pendant plusieurs heures. Le cerf, qui s’avère enchanté, le conduit à un château : là-bas, un roi...

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Les mots perdus, de Catulle Mendès

Ce conte de 1888 fait partie de ceux qui se lisent une fois, et se retiennent longtemps. L’intrigue est simple : une fée, courroucée pour une raison que l’histoire ne dit pas, décide de punir le pays qui l’a offensée en rayant de la mémoire de ses habitants les mots « Je vous aime ». Privés de cette phrase toute simple, cette province finit bientôt par dépérir. L’amour existe toujours mais ne peut plus se dire, et toutes les romances périclitent… Jusqu’à ce que la fée se retrouve prise à son propre piège. On retrouve dans Les mots perdus le style élégant du XIXème siècle : des phrases longues, bien construites, efficaces, poétiques et non dénuées de satire dans l’exagération des caractères. Ainsi du rire de la fée « qui...

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La Petite Princesse, de Frances Hodgson Burnett

Aujourd’hui, j’ai envie de vous faire (re)découvrir une histoire pleine de beauté et d’optimisme. On le considère habituellement comme un roman, voire un grand classique, mais il est si extraordinaire que La Petite Princesse mérite tout autant sa place dans la catégorie des contes. Digne héritière de Perrault et de Grimm, Frances Hodgson Burnett mêle habilement dans son récit le merveilleux , le tragique et le magique. D’une richesse faramineuse en Inde, perdue puis retrouvée, en passant par la mort de son père et la maltraitance subie à l’institut de Miss Minchin, la vie de Sara Crewe ressemble à un mélange de La Belle au bois dormant et de Cendrillon. Sa personnalité semble trop parfaite pour être humaine : non contente...

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Blanche-Neige et ses versions

Blanche-Neige est un des contes les plus célèbres et les plus repris. Pourquoi fascine-t-il autant ? La princesse, belle et naïve, ne se démarque pas des autres héroïnes de contes de fées. Il faut donc que l’originalité de cette histoire réside ailleurs, notamment dans le personnage de la reine, belle, cruelle et sorcière : autant de caractéristiques que peu d’antagonistes féminins réunissent dans les textes de Grimm. Pourtant, cela ne suffit pas, et peut-être est-ce le mélange de ces éléments avec le comique des nains, et le réalisme de certaines situations, qui fait l’originalité du conte, et a donné lieu à autant de réinterprétations. Avant d’évoquer les reprises, rappelons la première version des frères Grimm. J’ai été frappée...

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Le conte du genévrier, des frères Grimm

Le conte du genévrier commence comme Blanche-Neige. Il y a du sang sur la neige, il y a une marâtre et un enfant persécuté ; mais cette fois l’enfant est un garçon, et l’histoire tourne vite à la tragédie Atride. J’ai rarement lu un conte d’une telle noirceur, où les actions sanglantes côtoient l’innocence la plus pure. L’écriture est légère, presque poétique, et l’horreur succède sans prévenir à la joie de vivre. Le bon et le mauvais s’enchaînent à un rythme haletant : l’indifférence du narrateur devant les événements n’est pas sans rappeler la dureté de la vie elle-même, qui poursuit son cours quoi qu’il arrive. On retrouve également dans Le conte du genévrier beaucoup de symbolique. Le cercle...

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