Quel avenir pour les romans illustrés ?

J’ai toujours adoré les romans illustrés. Enfant, je guettais les pages sur papier glacé dans mes éditions de La Bibliothèque rose ou de La Bibliothèque verte : les images m’aidaient à me représenter scènes et personnages, à rendre l’histoire plus réelle pour mieux m’y immerger. En grandissant, force fut cependant de constater que l’illustration n’était pas la norme dans les romans. Si Jules Verne fait exception à la règle, la grande majorité des classiques et des nouveautés ne sont pas accompagnés d’illustrations. Ce domaine semble réservé aux contes et à la littérature de l’imaginaire (on citera Alice au pays des merveilles, Le Seigneur des Anneaux ou encore Harry Potter).

Pourquoi si peu de textes deviennent-ils des romans illustrés ? Du latin illustrare, le terme signifie à la fois éclairer, mettre en lumière et orner. Accompagnement, interprétation, réappropriation, l’illustration est une merveilleuse manière de mettre un texte en avant. Loin d’éclipser les mots, elle les grave et arrête l’esprit du lecteur dans sa course folle pour connaître la suite. L’imagination a fort à faire dans un roman : la figer sur une image dans le flux de scènes qu’elle crée à la volée ajoute à l’épaisseur du texte. Gustave Doré, Arthur Rackham, John Tenniel, certains dessinateurs ont traversé le temps et les frontières, et je ne peux m’empêcher de m’étonner que les éditeurs ne recourent pas davantage à ce procédé pour mettre leurs productions en valeur.

La rareté des romans illustrés vient sans doute du manque de moyens de ce secteur en crise : illustrer un livre ajoute à son prix et au risque commercial pris par celui qui le publie. D’un autre côté, les éditeurs tentent de se sauver en inondant le marché de productions s’échelonnant du mauvais au médiocre, et les moyens technologiques sont tels aujourd’hui que la rareté des romans illustrés me semble relever davantage d’une question de goût et d’habitude que d’un réel choix économique. Si l’on franchit la Manche, on constate d’ailleurs que les romans illustrés sont légion : bien que cantonnés à des classiques intemporels, ceux-ci sont régulièrement réédités avec de nouvelles illustrations.

Sans doute l’illustration souffre-t-elle en France du même préjugé que la littérature de l’imaginaire : toutes deux ne s’adresseraient qu’au jeune public. C’est se priver d’une grande richesse et cantonner la littérature comme l’illustration dans une regrettable unité dimensionnelle. La désillusion de Lucien de Rubempré, les aventures de Zadig ou encore celles de David Copperfield méritent autant d’être mis en image que le périple d’Alice, et bien plus que les pseudo-aventures de quantité de nounours et d’animaux mièvres destinées au plus jeunes. Don Quichotte est-il fou ou bien Sancho Panza est-il aveugle ? Gustave Doré choisit de superposer leurs deux visions et ouvre ainsi une porte au lecteur qui se serait emprisonné dans une interprétation à sens unique. Comment s’agencent les différentes pièces du château de Poudlard et à quoi ressemble Peeves ? Jim Kay propose une vision qui permet de savourer Harry Potter autrement.

Et vous, aimez-vous les romans illustrés ? Je rêve d’en garnir ma bibliothèque ! Quels sont vos plus beaux livres illustrés ? Que vous apportent les images dans un roman ? Si l’histoire du roman illustré vous intéresse, je vous recommande ce court article publié par la BnF ! Et surtout, je vous souhaite de bonnes vacances et je vous donne rendez-vous le 24 juillet 2021 pour un prochain article 😉

 

Image d'un enfant devant un livre

Cette image montre très bien ce que représentent pour moi les romans illustrés : un enrichissement mutuel qui décuple la puissance de la lecture !

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