Princesse Brambilla, d’E.T.A. Hoffmann
Paru en 1820, Princesse Brambilla retrace les aventures du comédien Giglio Fava et de la couturière Giacinta Soardi, dans la Rome du XVIIIème siècle, en pleine période de carnaval. Victimes d’un étrange enchantement, ces deux fiancés s’entichent de personnages imaginaires et confondent rêve et réalité dans un tourbillon d’événements dont même le lecteur ne parvient pas à se dépêtrer. À travers ce conte, magie, mystère et humour s’unissent une nouvelle fois sous la plume d’Hoffmann pour tisser un éloge de la poésie, de l’amour et de la beauté de la nature, dans une ambiance toute romantique.
Comme dans Le vase d’or, Princesse Brambilla multiplie miroirs, reflets et illusions. Amoureux de la princesse dont il a rêvé, Giglio croit la retrouver parmi les masques du carnaval. C’est alors Giacinta qui s’éloigne de lui, attirée par un prince dont on ignore tout. Entre eux se dresse l’étrange Celionati, charlatan magicien, conteur de l’histoire du triste roi Ophioch et de la joyeuse reine Liris, monarques du royaume d’Urdar, dont l’eau claire du lac reflète la véritable apparence de ceux qui s’y regardent. Parmi ce défilé de masques réels et fictifs où le carnaval se superpose au théâtre, seule la figure de Celionati n’a pas de double apparent. Personnage d’autant plus mystérieux qu’il apparaît tour à tour allié et antagoniste des héros, tel un marionnettiste créant une histoire pour son propre plaisir.
Ce conte est l’un des plus abscons qu’il m’ait été donné de lire. Dénué de morale, il partage avec Petit Zacharie surnommé Cinabre la satire des Lumières, dont le rationalisme va à l’encontre de la simplicité et de l’amour de la nature prônés par l’âme romantique. Les personnages d’Hoffmann aiment céder à leurs passions et se livrer aux sages qu’une nature divine place sur leurs chemins. Comment interpréter Princesse Brambilla ? Hoffmann, tout en louant l’amour vrai et la pureté de la poésie, se plaît à laisser Giglio et Giacinta se perdre dans des fantasmes pour le moins singuliers, où les princesses sortent des bouteilles et où les princes traversent le monde pour se faire retirer une dent. Le narrateur, alternant passages fantastiques, comiques et poétiques, semble conscient de vouloir l’impossible ; peut-être se rappelle-t-il à l’ordre de la réalité au fil des pages, avant de se laisser, enfin, tirer dans le conte.
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Et vous, avez-vous lu Princesse Brambilla ? Qu’en avez-vous pensé ? C’est peut-être le conte d’Hoffmann que j’ai le moins apprécié, tant l’histoire se perd en de multiples méandres que la lecture en allemand n’aide pas à franchir. Il n’est pas sans rappeler les textes surréalistes et ubuesques, qui confrontent le lecteur à l’absurdité d’une réalité plus proche que les apparences ne le suggèrent. Si vous êtes curieux, n’hésitez pas à le lire sur Wikisource ! 😉