La Petite Poucette, de Hans Christian Andersen
Adapté en dessin animé sous le nom de Poucelina, La Petite Poucette raconte l’histoire d’une fillette née dans une tulipe, qui doit son nom à sa taille proche de celle d’un pouce. Élevée par une femme aimante, enlevée par un crapaud, libérée par des poissons, emmenée par un papillon, rejetée par un hanneton, sauvée par une souris et fiancée à une taupe, de nombreuses aventures attendent la jolie et minuscule Poucette dans ce conte plein d’humour et de poésie. Si l’on y retrouve la touche de mélancolie propre à Andersen, c’est ici une fin heureuse et, une fois n’est pas coutume, dénuée de toute chrétienté qui attend notre courageuse héroïne.
Poucette allie au charme de la demoiselle en détresse les vertus cardinales des princesses de conte. Aimante, gentille, dévouée, elle n’en reste pas moins éprise de liberté et capable de choix personnels, ce que l’on appréciera chez un personnage féminin. Son périple à travers la forêt est prétexte à l’apparition d’une farandole d’animaux doués de conscience, rappelant les protagonistes de La Fontaine. Rien d’innocent en effet dans la laideur du crapaud, vil manant dénué d’intelligence, dans la vanité du hanneton, fat trop sensible à l’opinion d’autrui, ou dans l’aveuglement de la taupe, enterrée au milieu des richesses. Le cycle des saisons même pourrait rappeler les différents âges de la vie que traverse Poucette.
Ce sont autant de figures qui, à la manière des fables d’antan, renvoient aux travers de nos sociétés. Bien que ce conte semble simpliste, les caractères se complexifient au fur et à mesure de l’intrigue. La souris est à la fois généreuse bienfaitrice et commère dénuée d’imagination ; l’hirondelle apparaît d’abord en libératrice mais éprouve elle aussi la tentation de garder Poucette auprès d’elle. Poucette elle-même ne manque-t-elle pas à tous ses devoirs en oubliant l’inquiétude que sa disparition n’aura pas manqué de provoquer chez sa mère adoptive ? Contrairement à La Petite Sirène ou à La Petite Fille aux Allumettes, dont la chute rappelle respectivement la nécessité de souffrance judéo-chrétienne et la triste réalité, La Petite Poucette cède à l’appel de la féerie. Encore pourrait-on voir dans ce triomphe final la métaphore d’une résurrection christique récompensant une vie remplie d’épreuves…
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Et vous, avez-vous lu La Petite Poucette ? Qu’en avez-vous pensé ? Je trouve ce conte très divertissant et non dénué d’humour. Poucette est poursuivie de tant d’ardeurs que cela en devient comique ! Le dessin animé de Don Bluth a pour moi assez bien rendu cette ambiance, en dépit de quelques dérogations au conte. Si vous souhaitez lire le texte original, remerciez encore une fois Wikisource où vous le trouverez gratuitement 🙂