La Petite Fille aux Allumettes, de Hans Christian Andersen

La veille du Nouvel An, une fillette en haillons erre pieds nus dans les rues d’une ville enneigée, s’abrite dans un creux entre deux maisons et brûle en vain des allumettes pour se réchauffer ; le lendemain matin, son cadavre gelé sera trouvé près des brindilles noircies. À travers La Petite Fille aux Allumettes, Andersen crée en 1845 un conte inoubliable, où la douceur, l’innocence et le merveilleux de l’enfance contrastent avec la violence et l’indifférence de la réalité. D’autant plus frappant qu’il se déroule peu après Noël, fête de la famille et symbole de charité, ce récit sonne aujourd’hui encore terriblement vrai.

La Petite Fille aux Allumettes désigne à la fois le titre de la fable et son personnage principal, anonyme jusqu’à la fin, fillette d’un âge indéterminé aux beaux cheveux blonds et bouclés. Les pensées de l’enfant convoquent d’autres protagonistes, reflétant chacun un aspect de son quotidien. Le riche négociant au bel arbre de Noël symbolise le désintéressement des passants qui ne la voient pas mourir ; le père qui la battra si elle revient sans un sou ajoute encore à la dureté de sa vie. La grand-mère défunte, seule personne lui ayant témoigné de la tendresse, s’avère malheureusement aussi merveilleuse et illusoire que l’oie qui vient à sa rencontre à la lueur de la deuxième allumette.

Faut-il renoncer à cette fantaisie éphémère convoquée par l’enfant, ou y voir une métaphore de la vie humaine sur Terre, brève impossibilité en regard de la froide et divine éternité ? Andersen, comme souvent sensible au malheur des moins chanceux, a voulu leur rendre hommage avec poésie dans ce conte qui lui a été commandité par un duc. Inspiré par une gravure et couplée à des scènes dont il a été témoin, La Petite Fille aux Allumettes est à la croisée du manifeste engagé et de l’élégie : ce conte, très différent de La Reine des Neiges qui se déroule pourtant à la même période, fait plus que jamais réfléchir à l’esprit de Noël.

Et vous, qu’en pensez-vous ? Ce conte vous a-t-il ému la première fois que vous l’avez lu ? Trop souvent édulcoré pour de fausses raisons, vous pouvez trouver La Petite Fille aux Allumettes dans le texte original sur Wikisource. J’admire le talent d’Andersen pour écrire des contes poignants, à la fois pleins de beauté et reflétant avec acuité la cruauté de la réalité, même dans des univers aussi fantastiques que celui de La Petite Sirène.

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