La Confusion des sentiments, de Stefan Zweig
Paru en 1927, dans le même recueil que Vingt-quatre heures de la vie d’une femme et Destruction d’un cœur, La Confusion des sentiments est sans conteste mon roman préféré de Stefan Zweig. Comme souvent, l’histoire semble peu prometteuse : nous suivons cette fois un universitaire qui, à l’occasion de son soixantième anniversaire, se souvient de sa jeunesse et relate l’événement qui l’a décidé à embrasser cette carrière. De sa vie dissolue à Berlin à sa rencontre avec un professeur de philologie passionné par Shakespeare dans une petite ville de province, ce court roman est d’une rare puissance émotionnelle. De sa plume précise et poétique, Zweig ressuscite avec génie les tourments de la jeunesse et de la passion.
La Confusion des sentiments est raconté à la première personne. À travers les yeux et les émotions de Roland nous sont présentés deux autres personnages principaux, dont on ne connaîtra jamais le nom : le professeur et son épouse. C’est donc le drame d’une triple confusion qui se noue au fil du livre, au fur et à mesure que Roland entre dans l’intimité du couple, poussé par la soif de connaissances éveillée en lui par son enseignant. Pourquoi mari et femme sont-ils aussi froids l’un envers l’autre ? Pourquoi l’universitaire se montre-t-il tour à tour proche et distant de Roland ? Autant de questions qui trouvent leur réponse dans la conclusion du livre.
Confusion des sentiments de Roland à l’égard de son professeur, confusion de sa relation avec la femme de celui-ci, confusion enfin de cet universitaire étrange, taciturne, passionné, à double visage, j’ai adoré la pluralité des niveaux de lecture de ce roman. Roland reste peut-être le personnage le plus mystérieux, tant sa relation avec son enseignant est intense. Aime-t-il l’homme, aime-t-il la littérature qu’il lui fait découvrir ? Passion de l’enseignement, de la transmission, du savoir, La Confusion des sentiments contient également des pages enflammées sur Shakespeare, qui m’ont donné envie de mieux connaître ce maître du théâtre. Vaste réflexion sur l’amour et l’amitié, ce roman évoque, malgré leur confusion, des sentiments d’une grande beauté.
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Et vous, avez-vous lu La Confusion des sentiments ? J’ai été profondément émue par le personnage du professeur, par cette vie de souffrance, d’exclusion, de solitude et d’incompréhension. À bien des égards, ce roman n’est pas sans rappeler Frankenstein, tant il place l’émotion humaine au cœur de sa démarche narrative.