Vingt-quatre heures de la vie d’une femme, de Stefan Zweig

Publié en 1927, ce court roman fidèle à son titre raconte les événements qui peuvent s’écouler en vingt-quatre heures dans la vie d’une femme, et changer radicalement le cours de celle-ci. Confession intime d’une vieille veuve anglaise à un narrateur anonyme, ce récit aurait pu tourner à un ennuyeux épanchement sentimental sous une autre plume que celle de Stefan Zweig. Ici cependant, l’échange devient prétexte à l’extrapolation, et à une réflexion autour du mystère de la nature humaine. Un être peut-il renier sa vie, son éducation, tous ceux qu’il aime et ce en quoi il croit, en l’espace d’une seule journée ? Telle est la question posée par Vingt-quatre heures de la vie d’une femme.

Tout commence avec Madame Henriette, le seul personnage dont le lecteur sache le nom. Lors d’un séjour dans une pension de la Riviera, cette bourgeoise de bonne famille, mariée et mère de deux fillettes, fait la connaissance d’un jeune homme français, avec lequel elle fugue à peine une journée plus tard. N’oublions pas que nous sommes en 1927, et que l’histoire se situe en 1904 : époque bénie où les femmes étaient taxées de folles si elles n’ambitionnaient pas de finir mères au foyer. Partir avec un inconnu en abandonnant mari et enfants représente donc le comble de l’abomination… Sauf pour le narrateur, et pour la mystérieuse Mrs. C., qui décide de lui raconter sa propre histoire, laquelle constitue le sujet de Vingt-quatre heures de la vie d’une femme.

Vaut-il mieux suivre son cœur et rester honnête avec soi-même, ou bien tromper son entourage en respectant des convenances que l’on rêve d’enfreindre ? Comment un être de raison peut-il céder, en un laps de temps aussi court que celui d’une journée, à une passion aussi soudaine qu’inexplicable ? Mrs. C se raconte et s’analyse en même temps, défiant le narrateur (et le lecteur) de juger sa conduite. Dans un style flamboyant (autant que j’aie pu en juger, puisque je l’ai lu en allemand), Zweig décrit les moindres mouvements de l’âme de cette femme, et donne à chaque détail un réalisme vibrant. Une écriture qui oblige à se questionner, au plus profond de soi, sur cette énigme qu’est la passion, passion du jeu, passion amoureuse, passion de la vie, passion salvatrice ou autodestructrice… En l’espace de vingt-quatre heures de la vie d’une femme.

Et vous, avez-vous lu ce roman de Stefan Zweig ? Qu’en avez-vous pensé ? J’ai adoré cette introspection poussée à l’extrême, cette analyse psychologique à la fois fine et précise du personnage de Mrs. C et du jeune homme qu’elle rencontre. Dans un autre registre, cela m’a rappelé La Peur, où les sentiments sont tout aussi violents et intériorisés, faisant presque figure de personnages à eux seuls.

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