Chroniques martiennes, de Ray Bradbury
Publiées en 1950, les nouvelles qui composent les Chroniques martiennes n’ont pas pris une ride. Tour à tour cocasses et mélancoliques, satiriques et fantaisistes, les rencontres entre Martiens et Terriens pourraient continuer indéfiniment. À travers ces aventures se dessine l’histoire de la conquête de Mars, de l’arrivée inaperçue des premiers Terriens aux hallucinations télépathiques des Martiens, en passant par tous les délires puritains, américains et technologiques imaginables. Ouvrir un fast-food en plein désert martien, explorer les ruines des extra-terrestres disparus, reconstituer à l’identique les crimes d’Edgar Poe… Préparez-vous à être surpris !
Imprévisible, tel est le maître mot de l’œuvre de Ray Bradbury. Ses Martiens télépathes se plaisent à brouiller les pistes. Décimés par la varicelle, ils rappellent les Amérindiens spoliés de leurs terres ; petits bourgeois incapables d’imagination, ils préfèrent se suicider plutôt qu’admettre l’existence d’une fusée pourtant posée devant eux. Leurs fantômes nous croisent dans des visions improbables, nous fascinent, nous tuent ou nous indiffèrent. Semblables et différents, ils prennent l’apparence de nos morts pour errer parmi nous, piégeant malgré eux les premiers colons dans des rêves mortels.
Au-delà de l’évasion, ce qui m’a plu dans les Chroniques martiennes est le regard qu’elles apportent sur notre Terre. J’ai particulièrement apprécié le sort réservé aux représentants de l’Hygiène Morale, qui entrent dans la Maison d’Usher, reconstituée par un certain Stendhal, où se déroule le bal du masque de la mort rouge, conclu autour d’une barrique d’amontillado… Autant de références que ne peuvent saisir, et donc anticiper, ces puritains qui ont banni les livres de la Terre. Mais la satire de Ray Bradbury ne cache pas entièrement sa mélancolie. Ses nouvelles condamnent les hommes à reproduire perpétuellement les mêmes erreurs, dans des travers qui semblent aussi inéluctables que la fatalité grecque.
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Vous l’aurez compris, les Chroniques martiennes laissent derrière elles un goût doux-amer. Cette réflexion sur l’homme et son incapacité constante à vivre en paix n’est pas sans rappeler Les Voyages de Gulliver, et m’a beaucoup inspirée pour Vivre. Et vous, qu’en pensez-vous ? Avez-vous déjà lu Ray Bradbury ? 🙂