Splendeurs et misères des courtisanes, d’Honoré de Balzac
Venant conclure la trilogie élaborée autour du personnage de Vautrin, Splendeurs et misères des courtisanes est à lire après Le Père Goriot et Illusions perdues. Trois romans qui n’en font qu’un, autour de cet ancien forçat, tour à tour ange et démon, meurtrier et prêtre, riche, déterminé, éternellement mystérieux. Vautrin, qui tente en vain de séduire Eugène de Rastignac dans Le Père Goriot, et sauve du suicide Lucien de Rubempré dans Illusions perdues, pour enfin l’élever au sommet du beau Paris dans Splendeurs et misères des courtisanes.
Si l’élévation de Lucien est digne de Faust, sa chute rappelle celle de Lucifer, et n’en est que plus tragique. De Splendeurs et misères des courtisanes, je retiens surtout le personnage d’Esther. Belle, prostituée, sainte, martyre, amoureuse, elle représente la femme du XIXème siècle dans toute son ambivalence. Elle déchaîne les passions des hommes comme Lucien celles des femmes, et comme Balzac celles des lecteurs. Que de suspens dans cette ascension sociale teintée d’or et de sang ! Que de drame, et que d’amour ! C’est Paris qui broie les êtres, c’est Vautrin qui broie Paris : l’ambition contre l’innocence, et la machinerie implacable des hommes contre l’étrange logique de la justice divine.
J’ai dévoré ce roman en trois jours, et j’en garde un brûlant souvenir. On n’y retrouve pas les traditionnelles descriptions balzaciennes, ces presque-digressions qui poussèrent à l’abandon de nombreux lecteurs mal avisés. Splendeurs et misères des courtisanes vous plonge immédiatement dans l’action. Il vous prend au piège du cœur humain, de ses désirs et de ses contradictions, il vous plonge dans la lutte des âmes de la capitale, de la misère des bas-fonds jusqu’à l’aveuglant éclat de la haute société, en passant par le mystère des cercles secrets. C’est le roman de la puissance, la tragédie parfois comique d’un destin bien cruel, pour des hommes responsables malgré eux de leurs maux, à la façon d’Œdipe.
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Et vous, avez-vous lu Splendeurs et misères des courtisanes ? Quel est votre roman de La Comédie humaine préféré et pourquoi ? J’admire le talent avec lequel Balzac a su peindre des mœurs aussi différentes, et la puissance de son écriture, qui m’a également subjuguée dans Le Lys dans la Vallée. 🙂