Ruy Blas, de Victor Hugo

Joué pour la première fois en 1838, Ruy Blas met en scène un laquais (Ruy Blas) qui se fait passer pour un noble (Don César) à l’instigation de son maître (Don Salluste). Mais Ruy Blas se métamorphose au-delà de ce qu’escomptait Don Salluste : éloquent, il dénonce la corruption des politiciens et parvient à toucher le cœur de la Reine d’Espagne. Cependant, nous sommes en Espagne, à la fin du XVIIème siècle, et les masques doivent tomber… Tragédie, comédie, réflexion humaine et politique, on retrouve dans cette pièce de théâtre de nombreux thèmes chers à Victor Hugo.

Placé malgré lui au centre d’un complot contre la Reine d’Espagne dont il est amoureux, Ruy Blas ne donne pas son nom à la pièce pour rien. D’abord hésitant, son courage et sa loyauté lui permettent, en dépit de la vraisemblance, de se fondre dans le costume de Don César qu’il est contraint de porter. À côté de cet admirable personnage, on citera Don Salluste, le traître, l’aristocrate orgueilleux à l’origine de tout, et le vrai Don César, joueur coureur de jupons : deux êtres dont le comportement est tout sauf noble. Enfin, quelques personnages comiques de second ordre (un comte et une duègne) viennent rappeler les trivialités de la vie entre deux scènes sérieuses.

Ruy Blas regroupe donc un panel de protagonistes très complet, qui lui permet de mêler différents genres théâtraux. La tragédie reste cependant dominante, qui empêche chacun d’échapper au destin auquel sa naissance le condamne. Écrite après la Révolution française, qui proclamait l’égalité des hommes et la fin de la hiérarchie d’Ancien Régime, la pièce pose la question de l’application de cette maxime. Un valet peut-il prendre la place d’un comte et se mêler de politique ? Une Reine a-t-elle le droit d’aimer un laquais ? Un noble l’est-il toujours s’il se livre aux pires bassesses ? Pour Hugo, la vraie noblesse est celle du cœur, mais la conclusion de sa pièce montre bien à quoi la société condamne, au XIXème siècle, ceux qui méprisent les convenances.

Et vous, qu’en pensez-vous ? Quelle pièce de Victor Hugo préférez-vous ? Je trouve le dilemme entre amour et honneur particulièrement bien rendu dans Ruy Blas, et j’apprécie beaucoup le personnage principal qui va jusqu’au bout de ses convictions. Un modèle difficilement réutilisable dans La Bibliothèque, tant l’honneur est devenu désuet, mais qui sait ? 😉

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