Oscar Pill, d’Eli Anderson
Il y a des jours comme ça où l’on se sent plutôt d’humeur à parler des mauvaises surprises que des bonnes… Aujourd’hui, je vous parlerai donc d’une série que je n’ai pas aimée. En dépit d’une excellente idée de base, Oscar Pill accumule les maladresses au fil de ses cinq tomes. J’en ai lu un et la moitié du deuxième avant qu’il ne me tombe des mains, et le peu que j’ai pu apprendre de la fin me confirme dans mon opinion. Nous partons pourtant pour une aventure pleine de promesses, en compagnie des Médicus, êtres aux pouvoirs magiques capables d’entrer dans le corps humain pour le guérir de ses diverses maladies. Notre corps devient aussi le territoire de leur guerre contre les Pathologus, dont le nom évocateur dit assez la fonction.
Chaque tome d’Oscar Pill se déroule dans une partie différente de l’organisme : on commence par l’estomac, puis les poumons et le cœur, les parties génitales, les cellules génétiques et enfin le cerveau. Ce parcours va de pair avec l’évolution d’Oscar Pill, héros qui donne son titre à la saga. L’adolescent est malheureusement loin d’être à la hauteur, et tous les personnages qui l’entourent sont du même acabit. Sont ici regroupés tous les archétypes de nombre de romans : le héros surdoué et ses amis (l’un aventureux, l’autre intello), le mentor qui sait tout mais ne voit rien venir, le père disparu dans des circonstances mystérieuses et enfin les antagonistes… Qui sont tellement méchants qu’on les catalogue dès leur entrée en scène, de sorte que l’histoire se poursuit sans la moindre surprise.
À ces protagonistes médiocres (voire ridicules) s’ajoute une constellation d’incohérences. La magie d’Oscar Pill obéit à des règles qui, si on les applique à la lettre, ne tiennent pas la route : quand elles ne suivent pas une logique absurde, elles semblent inventées pour l’occasion par manque d’anticipation. Le roman étant très prévisible, son rythme paraît d’autant plus lent. Les révélations arrivent bien trop tard, se précipitant dans les trente dernières pages après plusieurs centaines de lignes inutiles. Même la partie médicale qui m’intéressait n’est pas à la hauteur : je n’ai rien appris de particulier sur l’estomac au fil du premier tome. Cet ensemble de faiblesses n’est en rien excusé par le public cible. Comme je le disais dans cet article au sujet de la littérature jeunesse, écrire pour la jeunesse ne devrait pas être un prétexte pour produire des histoires inabouties.
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Et vous, avez-vous lu Oscar Pill ? Qu’en avez-vous pensé ? Je doute que la série s’améliore au fil des tomes, mais je ne demande pas mieux que d’avoir tort, car j’aimais beaucoup l’univers annoncé par Eli Anderson et je trouve les couvertures magnifiques. Mais, comme pour Cœur d’encre de Cornelia Funke, la réalisation finale n’a pas été à la hauteur de l’idée de base… Un défaut que je m’efforce à tout prix d’éviter dans La Bibliothèque !