Coeur d’encre, de Cornelia Funke
Faire sortir des personnages des livres en les lisant à haute voix, qui n’en a jamais rêvé ? Parler à Elisabeth Bennet, rencontrer Peter Pan, interroger Ulysse, voilà un postulat qui offre une infinité de possibilités. Malheureusement, dans le cas de Cœur d’encre, la bonne idée ne fait pas le bon roman… Je m’attendais à de la magie, à des personnages originaux, et surtout à une mise en abyme autour de l’objet livre. Résultat : une magie quasi absente et totalement aléatoire quand elle daigne se manifester, des personnages archétypiques et aucune piste de réflexion profonde autour de la lecture.
Comme vous l’aurez compris, les héros de Cœur d’encre ont le pouvoir de faire sortir les personnages des livres lorsqu’ils lisent à voix haute. En contrepartie, un objet ou personnage du monde réel se retrouve aspiré dans le livre lu… Et c’est tout ! Pas de règle, cette magie se manifeste absolument quand elle veut, tout le temps, une fois sur deux ou jamais pendant plusieurs années ; l’échange de personnages va de la feuille d’arbre à l’épée en passant par le papillon et le facteur sans logique apparente. Aucun personnage ne m’a touchée : niais, pleurnichards, hystériques, ténébreux, tous les caractères m’ont paru clichés et dénués de complexité.
L’ayant lu en allemand, je ne suis pas en mesure d’analyser correctement le style ; néanmoins, j’ai trouvé ce livre démesurément long. L’histoire elle-même ne consiste qu’en de laborieuses allées et venues entre le danger et la sécurité, ponctuées de dialogues creux et délayés. Cornelia Funke a tendance à expliquer au lieu de montrer. Des dizaines de pages sont ainsi consacrées à l’amour des livres ou à la méchanceté de Capricorne : quand ce n’est pas répétitif, cela crée une fausse attente et partant, une déception (l’armée de Capricorne est une bande de motards armés de couteaux…). Aucune analyse sur la différence entre un personnage et un être humain, aucune véritable question philosophique n’est posée dans ce livre : les événements s’enchaînent presque malgré eux, et tout traîne tellement en longueur qu’il ne reste plus aucun suspens.
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Cœur d’encre fait partie des romans fantasy qui m’ont doublement déçue, car l’histoire n’a pas été à la hauteur de l’attente créée par le résumé. Deux exemples qui me poussent à développer aussi loin que possible les potentialités offertes par La Bibliothèque… Tout en établissant certaines règles, puisque sans cohérence, l’histoire perd tous ses enjeux. Et vous, qu’en pensez-vous ? Avez-vous aimé la trilogie de Cornelia Funke ? 🙂