La Parure, de Maupassant
La Parure fait partie de ces nouvelles qui une fois lues ne s’oublient jamais. Maupassant y narre l’histoire tristement terrifiante de Mathilde Loisel, jeune fille peu fortunée qui deviendra victime de son goût immodéré du luxe. Invitée inespérée d’une soirée qui réunit la haute société parisienne, l’héroïne met toute sa passion au service de sa beauté : à la toilette élégante offerte par son mari s’ajoute une rivière de diamants prêtée par une riche amie. Le bal est un succès, son apparition fort remarquée fait d’elle, le temps d’un soir, la princesse qu’elle a rêvé d’être toute sa vie. Une fois de retour chez elle, le rêve vole en éclats : le collier de diamants a été perdu, et doit être remboursé.
C’est le début d’une vie de misère et de privations, à laquelle Mathilde se soumet avec une force de caractère admirable. « Élégante, gracieuse, souriante et folle de joie », on la retrouve quelques années plus tard « mal peignée, avec les jupes de travers et les mains rouges ». La chute est rude pour ce couple proche de la petite bourgeoisie, qui se voit réduit à la pauvreté en l’espace d’une soirée. Maupassant dépeint chaque époque avec le talent qu’on lui connaît : son écriture fluide, concise, tour à tour lyrique et sèche, fait naître en quelques mots les univers traversés par les protagonistes de La Parure.
Derrière les apparences d’une morale facile, qui opposerait à l’amour de la modestie et de la pauvreté une dénonciation du luxe, se dissimule cependant une analyse très fine. Plus encore que l’inégalité des conditions de vie, La Parure pointe du doigt le danger des apparences, égarant ceux-là même qui s’en croyaient les maîtres. La double illusion, telle pourrait être le sous-titre de cette nouvelle de Maupassant, dont la fin laisse le lecteur et les personnages face à une vérité aussi terrible qu’inattendue. Mais peut-on jamais effacer les marques laissées par le temps perdu et les rêves brisés ?
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Bien que près de trois quarts de siècle les séparent, je ne peux m’empêcher de rapprocher le dévorant désir d’ailleurs de Mathilde Loisel et cette citation de Tocqueville : « ce que je reproche à l’égalité, ce n’est pas d’entraîner les hommes à la poursuite de jouissances défendues ; c’est de les absorber entièrement dans la recherche de jouissances permises. » En effet, une histoire comme celle de Mathilde aurait été impossible avant la Révolution française, qui a initié le mélange des classes et l’ouverture d’esprit nécessaire au rêve fou. Et vous, avez-vous aimé La Parure ? Si vous souhaitez lire le texte, il est disponible sur ce site. 🙂