La Maison aux esprits, d’Isabel Allende

Une fillette capable de faire voler les verres par la pensée et de converser avec les esprits, un homme si colérique qu’il provoque lui-même sa ruine en maintes occasions : tel est le couple improbable mis en scène sur plusieurs générations dans La Maison aux esprits. Histoire, tragédie ou destin d’un amour, d’un pays, d’une famille qui ne sont pas si éloignés de notre réalité, évoquant l’Amérique latine autant que l’Europe, le passé autant que le présent et, peut-être, l’avenir. Dans cette œuvre, Isabel Allende nous fait tour à tour voyager, rire, frémir et pleurer, au gré d’une aventure atypique qui est celle de toute l’humanité. Un périple ambitieux qui n’est pas sans rappeler Cent ans de solitude de Gabriel García Márquez, dont l’auteur avoue s’être inspirée.

La Maison aux esprits commence avec la petite Clara et ses carnets de notes, se poursuit à travers sa fille Blanca et sa petite-fille Alba. Autour de cette lignée de femmes gravitent Esteban, le père, ainsi que les jumeaux Jaime, médecin au cœur de martyr, et Nicolas, séducteur à l’âme de gourou. Une famille qui entraîne dans sa suite une longue série de personnages secondaires, uniques chacun à leur manière. De tous ces protagonistes, acteurs d’un grand jeu qui les dépasse, la paire formée par Esteban et sa sœur Fernanda m’a le plus marquée, peut-être parce que leurs défauts, plus grands que les autres, les rendent aussi plus humains. Trop de colère et pas assez d’amour, au fond, n’est-ce pas la même chose ?

Pendant une bonne partie du roman, je me suis demandé où était la maison aux esprits qui donne son titre au livre. S’agit-il de la grande maison citadine versaillaise puis labyrinthine où circulent les âmes errantes, mortes ou vives ? Ou bien de l’hacienda des Tres Marías, symbole fort d’un monde en voie de disparition ? Peut-être est-ce tout simplement la demeure où Clara a grandi, foyer du passé et d’un bonheur toujours en fuite ? Les esprits, au fond, ne jouent pas un grand rôle dans l’histoire. Peu importe de connaître l’avenir, puisque chacun reste victime de ce qu’il est et de ce qu’il sème, à l’exception de ceux qui grâce à leur plume passent au-delà du cycle de la haine pour entrer dans l’éternité de la bienveillance.

Et vous, avez-vous lu La Maison aux esprits ? Qu’en avez-vous pensé ? J’aime beaucoup le style d’Isabel Allende, fluide, plein d’humour et de tendresse mais aussi capable de montrer sans fards une dure réalité. Un style qui se retrouve pour moi dans les aventures de Zorro où cette fois l’imaginaire prend le pas sur l’Histoire pour s’achever sur l’impossibilité d’une fin heureuse.

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