Une rose seule, de Muriel Barbery
Après avoir été emballée par L’Élégance du hérisson et Une gourmandise, c’est avec un enthousiasme non feint que j’ai entamé Une rose seule du même auteur. Couverture magnifique, promesse de Japon, de découverte de soi et d’histoire d’amour, ce court roman avait tout pour me séduire. Peut-être la chute a-t-elle été d’autant plus rude que l’attente était grande ; toujours est-il que cette nouvelle publication de Muriel Barbery m’a laissée de marbre de la première à la dernière phrase. Personnages creux, récit plat, style maniéré, descriptions à n’en plus finir, j’ai cru ne jamais voir arriver la fin de ce petit livre.
Une rose seule raconte une semaine dans la vie de Rose, amère botaniste quarantenaire, qui s’envole pour le Japon afin d’écouter le testament d’un père qu’elle n’a jamais connu. Guidée par Paul, l’exécuteur testamentaire et ami de son géniteur, elle visite différents temples bouddhistes avant de passer chez le notaire. Pour meubler le temps entre deux sorties, elle se fait servir du thé par une Japonaise et rencontre une femme d’affaires anglaise. Tous les protagonistes partagent une discrétion exemplaire et des émotions tamisées en dépit des tragédies qu’ils ont traversées : quand ils ne se livrent pas à une ennuyeuse introspection mâtinée de méditation zen, leurs échanges débouchent sur des dialogues complètement fades.
Si l’écriture de l’auteur est toujours aussi élégante et travaillée, elle a cependant perdu l’ironie incisive qui lui donnait tout son sel. Une rose seule est aussi vide et évanescent que les cercles bouddhistes qu’il s’évertue à décrire. Les clichés associés au Japon s’enchaînent à longueur de pages : sacrifice de soi, beauté des fleurs, sagesse ultime des tapis de graviers ratissés, restaurants boisés aux allures de greniers mystérieux, même l’histoire d’amour est dénuée de surprise. Le peu de piquant qui affleure dans certains dialogues s’efface aussitôt pour laisser place à la grande révélation intérieure, si puissante qu’elle se passe de mots… Et ne peut donc se partager avec le lecteur.
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Et vous, avez-vous lu Une rose seule ? Qu’en avez-vous pensé ? J’ai été vraiment déçue par ce roman qui m’a profondément ennuyée. Si j’aime la belle littérature, je trouve que la « minéralité liquide » des temples et le « papier de riz des paupières baissées » finissent par tuer l’histoire au lieu de la mettre en valeur. Je n’en remercie pas moins Babelio et Actes Sud pour l’envoi de ce roman.