Le Rayon vert, de Jules Verne

Moins connu que Le Tour du Monde en quatre-vingts jours, Le Rayon vert fut publié près de dix ans plus tard, en 1882. Réunis dans mon édition Hetzel, j’ai lu les deux romans à la suite et je fus fort divertie par cette découverte imprévue. Comédie sentimentale se déroulant sur les côtes de l’Écosse, ce récit s’ouvre sur une proposition de mariage peu prometteuse, que l’héroïne élude en la conditionnant à l’observation d’un rayon vert. Phénomène optique visible seulement sur un horizon de mer dénué de nuages, voilà nos personnages partis en quête de beaux couchers de soleil au pays des brumes…

Le Rayon vert met en scène un nombre de personnages assez réduit. L’histoire s’ouvre avec deux frères, jumeaux de cœur et d’esprit sinon de naissance : Samuel et Sébastien, gentilshommes célibataires et paternels, affectueux mais peu éclairés dans l’art de l’amour. Leur nièce, Helena Campbell, est d’une toute autre tranche : impétueuse, aimant les contes et les légendes, rien ne pourrait moins bien lui correspondre que son promis. Aristobulus Ursiclos, comme son nom le laisse soupçonner, est un scientifique imbu de lui-même, que seuls intéressent ses instruments de mesure et ses connaissances théoriques. Leur poursuite conjuguée du coucher de soleil parfait est l’occasion d’échanges savoureux !

J’ai retrouvé avec plaisir l’écriture de Jules Verne, toujours aussi pleine d’humour, à la fois riche de vocabulaire et d’une précision remarquable. Le Rayon vert m’a donné envie de voyager en Écosse, plus particulièrement dans cette grotte de Fingal qui suscite une verve lyrique méritée. Derrière la romance, il m’a semblé que Jules Verne se mettait en abyme à travers Aristobulus Ursiclos, critiquant la posture de l’écrivain encyclopédiste tel qu’on peut le voir dans Vingt mille lieues sous les mers. Pour bien rendre ce que l’on observe, faut-il préférer la description scientifique ou les légendes des poètes d’antan ? Débat intéressant pour cet auteur qui aime à rendre chaque chose avec exactitude, et exercice auquel se prête admirablement le thème du rayon vert.

Et vous, quel roman de Jules Verne préférez-vous ? Le Rayon vert avait pour lui l’atout de la découverte, et je m’y suis plongée avec un entrain non feint. Là où Le Tour du Monde en quatre-vingts jours s’interroge sur la constance de l’âme humaine face à l’adversité, ce roman débat de l’art et de la science, distribuant les rôles d’une manière inhabituelle pour Jules Verne. 🙂

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