Le Crime de l’Orient-Express, d’Agatha Christie
Polar culte s’il en est, il fallait bien que je lise, une quinzaine d’années après avoir dévoré Mort sur le Nil, Le Crime de l’Orient-Express. On y retrouve Hercule Poirot à bord d’un train mythique, qu’une violente tempête de neige force à s’arrêter quelques jours après son départ. Au matin de cette escale imprévue, on découvre qu’un homme a été assassiné à coups de couteau. Le coupable se trouve forcément à bord du train, dans le wagon même du crime : qui de mieux placé que le célèbre détective pour interroger les passagers et tenter de démêler le vrai du faux au fil des différents témoignages ?
Le Crime de l’Orient-Express révèle Hercule Poirot dans toute sa finesse. Ma lecture de Mort sur le Nil remonte à trop loin pour faire une comparaison efficace, mais j’ai apprécié de suivre ce personnage sagace, d’une redoutable perspicacité et d’un flegme digne de Phileas Fogg. Chaque protagoniste est soigneusement travaillé, les indices sont disséminés de telle sorte que le lecteur peut s’essayer à deviner la fin au même rythme que les compagnons de l’enquêteur. Bien que le récit obéisse à tous les codes du genre, il n’en reste pas moins plein d’humour et d’une grande justesse dans la manière de décrire les différents suspects.
À la croisée du roman léger et de la satire sociale, c’est par certains côtés un bien étrange polar que Le Crime de l’Orient-Express. La narration, très figée et codifiée, atteint une forme d’apothéose dans la révélation finale, et revêt une puissance qui n’est pas pour me déplaire. Hercule Poirot « se retire de l’enquête » en même temps que le lecteur, laissé à méditer sur ce qu’il vient d’apprendre. S’il est suggéré, l’avis personnel du détective n’est jamais livré, ce qui donne à la conclusion toute sa force : vengeance personnelle, histoire tissée d’amour, de mensonges et de haine, ce roman donne bien à voir toute la palette des sentiments humains.
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Et vous, avez-vous lu Le Crime de l’Orient-Express ? Qu’en avez-vous pensé ? Je l’ai lu avec intérêt et je redécouvrirai avec plaisir Mort sur le Nil. Ce type de polar ressemble parfois plus à une pièce de théâtre qu’à un roman : cela peut être vu comme une faiblesse mais permet aussi un humour très appréciable.