Le Capitaine Fracasse, de Théophile Gautier
Roman de cape et d’épée comme je les aime, ciselé dans le beau français du XIXème siècle, Le Capitaine Fracasse est le premier roman que je lis de Théophile Gautier. Il conte les aventures du baron de Sigognac, noble miséreux qui rejoint une troupe de théâtre par amour et finit par monter sur les planches sous le nom de capitaine Fracasse, allant à l’encontre des préjugés de son temps. Délicieusement prévisible et en même temps plein d’humour, tour à tour poétique, tragique et romantique, ponctué de somptueuses descriptions, laissez-vous emporter par ce récit dans une lecture haute en couleurs aux personnages inoubliables !
Les acteurs et figurants du Capitaine Fracasse font en effet tout le charme de cette histoire. Aux protagonistes classiques tels que Sigognac, bon et courageux, et Isabelle, douce et généreuse, s’ajoutent en effet des caractères dignes du théâtre, comme l’ironiquement nommé Tyran, dont l’apparence effrayante dissimule une grande gentillesse, ou bien la soubrette Zerbine, malicieuse en diable. On retiendra surtout le parfait antagoniste sous les traits du beau duc de Vallombreuse, et le remarquable couple formé par Chiquita et Agostin, l’enfant sauvage et le ténébreux bandit. L’ensemble de la troupe pimente agréablement les dialogues d’une verve constante.
Si les nombreuses descriptions du Capitaine Fracasse peuvent rebuter certains lecteurs, surtout dans les premiers chapitres, elles n’en restent pas moins admirablement exécutées. Des tournures à la fois élégantes et précises s’entrelacent autour d’un vocabulaire d’une grande richesse qui rend le texte très vivant. Si la trame d’ensemble du roman finit par se deviner aisément, il n’en reste pas moins plein de petits rebondissements et de détails savoureux qui font tout son sel. Déclaration d’amour au théâtre qui n’est pas sans autodérision métafictionnelle, les péripéties se succèdent au fil des pages avec une légèreté qui n’est pas sans rappeler la passion de Gautier envers la poésie et « l’art pour l’art » : fidèle aux idéaux de son auteur, Le Capitaine Fracasse demeure ainsi dénué de toute ambition moralisatrice ou utilitaire.
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Et vous, avez-vous lu Le Capitaine Fracasse ? Qu’en avez-vous pensé ? J’ai dévoré ce texte fort bienvenu après ma lente agonie sur La Montagne magique de Thomas Mann. J’apprécie beaucoup son allant et les contrastes de ses personnages, mais je ne partage pas complètement la vision de Théophile Gautier sur la nécessité de séparer la morale de la littérature 🙂