La Montagne magique, de Thomas Mann

Paru en 1924, La Montagne magique est considéré comme l’un des monuments de la littérature allemande. Si l’on en croit le résumé, c’est le récit d’une ascension : un homme que rien ne prédestinait à ce destin se retrouve emporté dans une aventure morale, spirituelle et sensorielle grâce à l’univers hermétique de la montagne magique. Plus concrètement, ce roman raconte le séjour d’un jeune homme dans un sanatorium ; venu rendre visite à son cousin pour trois semaines, il restera finalement sept ans parmi les « gens de là-haut ». À la fois débat philosophique, réflexion politique et histoire d’amour, le chef d’œuvre de Thomas Mann avait tout pour me plaire mais s’est avéré une immense déception.

Hans Castorp est le personnage principal de La Montagne magique. Jeune homme sans trait de caractère particulier, il s’adonne de chapitre en chapitre à de multiples lubies, de la biologie à l’astronomie en passant par la gentillesse envers les mourants. Autour de lui gravitent des protagonistes qui sont autant de pions incarnant des idées bien précises : le philosophe humaniste Settembrini, le penseur radical Naphta, la séduisante Madame Chauchat, le militaire Joachim, le psychanalyste docteur Krokowski ou encore le dionysiaque Pieter Peeperkorn. Tous m’ont donné l’impression de figurants dont le seul objectif était de permettre l’éducation intérieure de Hans Castorp : dénués d’émotions, ils n’ont pas d’histoire individuelle et ne parlent que pour se faire les représentants des différentes postures de la Belle Époque.

Le narrateur même maintient vis-à-vis de Hans Castorp une distance qui m’a rendu le héros antipathique. Appelé systématiquement par son nom complet durant les mille pages que dure La Montagne magique, j’ai eu le sentiment de lire une perpétuelle introduction, et de suivre un héros dépourvu d’ambition personnelle. Parmi les interminables diatribes des pseudo-personnages se glissait pourtant une réflexion passionnante sur l’écoulement du temps, dont la vitesse relative est intimement liée à la vie spirituelle de chacun. Thomas Mann s’est efforcé d’incarner cette idée dans la narration même : le premier chapitre de La Montagne magique dure ainsi une soirée, le troisième un jour, et les six ans que passe Hans Castorp dans le sanatorium tiennent en deux chapitres. Cependant, je suis complètement passée à côté de la démarche du roman dans son ensemble, tant les protagonistes m’ont paru froids, attachés seulement aux courants de pensée qu’ils incarnent.

Et vous, avez-vous lu La Montagne magique ? Qu’en avez-vous pensé ? Peut-être le fait de le lire en allemand ne m’a-t-il pas aidée à apprécier le roman ; malgré quelques incompréhensions, j’ai toutefois assez bien saisi le sens du texte. La démarche narrative de Thomas Mann m’aurait davantage touchée si les personnages ne se résumaient pas à des idées.

 

Tableau de Caspar David Friedrich représentant l'homme devant la mer de nuages

L’homme devant la mer de nuages de Caspar David Friedrich incarne parfaitement l’esprit de La Montagne magique et la posture qui est celle de Hans Castorp du début à la fin !

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