La Bibliothèque rencontre La Lucarne des Écrivains

Tout a commencé au salon des écrivains indépendants de Maisons-Alfort, il y a un peu plus d’un mois. Parmi les auteurs présents se trouvait Bernard Prou, que j’avais déjà rencontré grâce au Club de lecture des rencontres parisiennes. Désormais auteur de quatre romans, toujours aussi chaleureux et jovial, il m’a conseillé de me rendre à la librairie La Lucarne des Écrivains, dont le gérant Armel Louis avait volontiers accepté ses romans à l’époque où il s’autoéditait. Aussitôt dit, aussitôt fait. Le 22 avril, je pénétrais dans l’enceinte de cette librairie pléthorique, couverte de livres dans ses moindres recoins, mêlant les méthodes de langue aux romans classiques et les poèmes illustrés aux aventures fantasy. À ce bazar livresque des mille et une nuits s’ajoutait le nec plus ultra : un superbe chat louvoyant entre les histoires jusqu’à son repaire de cartons et d’oreillers.

J’engageai aussitôt la conversation avec Armel Louis. Nous parlâmes de Bernard Prou, qui nous réunissait, puis de mes livres. Entre deux clients, je lui racontais La Bibliothèque : la disparition des livres et des guerres, la naissance du Technomonde, la permanence de ce lieu caché hors de l’espace et du temps où, chaque nuit, viennent rêver les âmes. L’aventure multiforme d’Émilie, capable d’entrer dans les livres-rêves et de les vivre comme s’ils étaient réels… Nous dissertâmes de poésie, de hiéroglyphes, d’écriture, du monde de l’édition. Sans être amateur de fantasy, Armel me posa des questions inhabituelles. Avais-je inventé des noms communs ? S’écrivaient-ils avec des majuscules ? Que mangeaient les habitants du Technomonde ? Possédaient-ils des animaux domestiques ? Questions auxquelles je m’étonnais de n’avoir pas ou peu réfléchi auparavant. Armel évoqua même la possibilité de publier, via sa maison d’édition La Lucarne des Écrivains, l’alphabet des rêves que j’avais inventé avant de me lancer dans l’écriture de Grandir.

Cette conversation passionnée débouche sur la soirée du 15 mai 2019. L’un des nombreux événements littéraires organisés par Armel pour animer La Lucarne des Écrivains. Les auteurs conviés sont Anne et Laurent Champs-Massart, pour leur roman Mille et dix mille pas, décliné en deux tomes par les éditions Vibration. L’éditeur, Jean-Marc Collet, est lui aussi présent pour parler de sa maison. Avant le début de la soirée, nous échangeons les bonnes adresses : il me conseille Instagram, je lui vante Simplement Pro. Installée face au divin divan avec quatre autres personnes, j’écoute ensuite avec plaisir cet éditeur et auteur passionné, qui s’est lancé dans l’aventure éditoriale en 2017. Militaire de formation, installé à Strasbourg, il nous conte sa passion de la poésie et nous lit quelques-uns de ses textes, écrits au fil de ses pérégrinations d’officier. Passionné par les voyages, ce fut tout naturellement qu’il se lia d’amitié avec Anne et Laurent lors d’un salon régional sur l’écriture.

Le couple revient d’un périple de treize ans, qui les a conduits de Bangkok à Bagdad avant de les propulser au Mexique. Mille et dix mille pas, que leur éditeur a divisé en deux tomes pour des raisons commerciales, se déroule en Asie centrale au VIIIème siècle après Jésus-Christ, au temps des conquêtes musulmanes. Le Prophète au visage d’or fait partie des derniers rebelles de l’Histoire dans cette région méconnue : il se bat contre les musulmans pour la liberté de culte et l’égalité des hommes et des femmes. Il entraîne à sa suite une foule de personnages, nomades, soldats et femmes, qui le rejoignent chacun pour des raisons différentes. Roman historique écrit sur la route, à quatre mains, et longuement documenté, Mille et dix mille pas a de quoi intriguer. Des combats, de l’aventure, des lieux mythiques et dépaysants, Anne et Laurent se sont faits tour à tour auteurs et correcteurs pour le simple plaisir de conter et d’immortaliser une région dont ils étaient tombés amoureux. Leur histoire a de quoi fasciner et les écouter est un régal.

Je conclus la soirée en tant qu’invitée surprise et fais découvrir à un public peu enclin à la fantasy l’univers de La Bibliothèque. Je raconte comment l’idée centrale m’est venue à l’âge de sept ans, comment je l’ai développée à seize et concrétisée, enfin, en autopubliant Grandir à vingt-cinq ans puis Vivre deux ans plus tard. J’évoque aussi l’avenir et l’écriture d’Aimer. Les trois éditeurs présents (une s’était glissée dans le public) me conseillent d’écrire autre chose, un texte plus court qui saura attirer un éditeur et, peut-être, l’engager à publier La Bibliothèque par la suite. Armel voudrait que je l’écrive tout de suite, mais il n’est pas si évident d’interrompre une histoire qui nous habite. Je comprends néanmoins sa démarche et n’exclus pas d’exploiter l’une de mes idées pour en faire un petit roman moins effrayant que ma grande histoire.

Je quitte la librairie le cœur léger à 23h30, pleine de ces échanges passionnés et passionnants. Armel Louis a désormais neuf volumes de La Bibliothèque en stock et je songe à investir dans le Dictionnaire des rimes et assonances dont il est l’auteur (Anne et Laurent Champs-Massart l’ont emporté dans leur périple et obtenu une admirable dédicace en double acrostiche). Cette soirée à La Lucarne des Écrivains ne sera certainement pas la dernière !

Et vous, êtes-vous déjà allé à une soirée littéraire ? J’ai adoré cet échange, différent mais tout aussi intéressant que ceux proposés par Sally Rose dans son Club de lecture. De quelle soirée littéraire gardez-vous votre plus beau souvenir ? 😉

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