Comment corriger des longueurs romanesques ?
Grâce au site Simplement Pro, de nouvelles chroniques de Grandir sortent régulièrement. Si la plupart sont très positives, comme celles de Light and Smell, Biblisentimentale ou Ma boîte de Pandore, celles de Passion Cultur’All ou du Coin de Chauve-Souris sont moins enthousiastes. Tous les avis ont cependant un point en commun : Grandir a tendance à traîner en longueur. Cette caractéristique quasi unanime recouvre des réalités assez différentes. Pour certains, c’est le mélange des genres et l’imbrication des histoires qui empêche l’intrigue principale d’avancer assez vite ; pour d’autres, ce sont les descriptions qui ralentissent le récit ; ma correctrice principale pense quant à elle que certaines phrases sont en trop, mais qu’aucun passage n’est à supprimer intégralement.
Que croire dans cette myriade d’opinions ? Qu’est-ce exactement qu’une longueur ? Il est bien difficile, dans le feu de l’écriture, de déterminer où s’arrêter. Si répétitions, syntaxe et cohérence sont des critères concrets sur lesquels travailler, la notion de longueur semble davantage subjective. Certains adorent les descriptions tandis que d’autres les trouvent inutiles : c’est un domaine où l’on ne peut pas plaire à tout le monde. L’objectivité voudrait qu’un bon roman alterne descriptions, dialogues et scènes d’actions ou de narration : là encore des œuvres s’affranchissent de cette règle, avec plus ou moins de succès. Le Ravissement de Lol V. Stein de Marguerite Duras ne m’a pas convaincue, mais j’adore les descriptions de Balzac dans Splendeurs et misères des courtisanes… La faute aux longueurs ?
L’important pour l’écrivain en herbe est à mon avis de se fier à son propre sens de lecteur. Puisque la subjectivité est indissociable de tout jugement romanesque, il faut écrire ce que l’on aime lire, plutôt que d’écrire pour plaire aux autres. Si l’on aime les romans de gare ou à l’eau de rose, tant pis pour l’avancée de l’humanité. Si l’on apprécie les romans de qualité, il faut en lire et en relire, car c’est une voie ardue où l’on ne progresse jamais assez. « Tu dois lire », tel est le commandement d’Antonie à la fin de Vivre. C’est ce que je m’apprête à faire pour poursuivre les corrections du deuxième tome de La Bibliothèque : lire les livres que j’admire. C’est pour cette raison qu’il vous faudra attendre jusqu’en août 2018 avant de découvrir à votre tour la suite des aventures d’Émilie !
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