Syngué Sabour – Pierre de patience, d’Atiq Rahimi

En Perse, quand un secret est trop lourd à porter, on le raconte à une pierre que l’on enterre profondément. On révèle tout à cette pierre de patience, on y déverse son âme, jusqu’à ce qu’elle explose et délivre l’être qui s’est confié à elle. « Quelque part en Afghanistan ou ailleurs »,  une femme décide de faire de son mari, tombé dans le coma, sa pierre de patience. Au fil des pages, les secrets s’égrènent, l’existence de ce couple qui pourrait être n’importe lequel se déconstruit en même temps qu’elle se restructure, la vérité se dévoile et la tension monte… Jusqu’à l’explosion finale décrite par la légende.

Syngué Sabour fait partie de ces romans que l’on n’oublie pas. Dans un style vivace, à la fois efficace et poétique, Atiq Rahimi tisse une histoire où l’amour répond à la haine, où la paix tente de fleurir malgré la violence. Autour du destin de cette femme inconnue, les hommes se croisent, s’affrontent, se révèlent : à travers eux, c’est le drame de toute une société qui se joue. Pierre de patience pourrait être un huis-clos. Si la maison est ouverte, la ville autour d’elle est morte : la guerre avance dans le lointain, guerre de religion, guerre des sexes, guerre universelle. Le monologue d’une inconnue qui pourrait être n’importe quelle femme se déroule au fur et à mesure que se noue une tragédie qui ne devrait pas exister.

Bien que je ne l’aie lue une seule fois, il y a plusieurs années, l’œuvre d’Atiq Rahimi m’a profondément marquée. Pourquoi cette femme ne fuit-elle pas un homme qu’elle devrait abhorrer ? Pourquoi soigne-t-elle celui qui l’a violentée ? Espoir de rédemption, promesse d’un avenir meilleur, à la fois tragique et plein de vie, le récit de ce personnage anonyme ne laissera personne indifférent. Quand on lit Syngué Sabour, la femme semble bien être le seul avenir de l’homme qui souhaite échapper à la mort, et l’amour la meilleure réponse possible à la haine. C’est maintenant qu’il faut vivre : tel semble être le message d’Atiq Rahimi.

Et vous, qu’en pensez-vous ? Avez-vous déjà lu Syngué Sabour ou un autre roman d’Atiq Rahimi ? L’hypocrisie qu’elle dénonce dans les rapports des hommes avec les femmes et la religion m’a particulièrement inspirée pour écrire la troisième partie de Vivre. 🙂

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Par ici, lecteur !

Cet article vous a plu ? Parlez-en autour de vous !