Oliver Twist, de Charles Dickens
Qui ne connaît pas, au moins de réputation, ce célèbre roman de Charles Dickens ? De même qu’ Orgueil et Préjugés, Oliver Twist est une œuvre fondatrice, dont les rouages ont été maintes fois imités, et la qualité rarement égalée. À l’archétype de l’orphelin maltraité s’ajoute la dénonciation engagée de la société victorienne, dépeinte avec une ironie féroce. Pas de critique directe, mais des dialogues maîtrisés, dans lesquels les personnages révèlent toute leur monstruosité avec un naturel désarmant, et des descriptions sobres, qui laissent le lecteur seul juge des atrocités dont est victime Oliver au fil du roman.
D’Oliver Twist, je retiens l’affreuse hypocrisie du gras Mr. Bumble, affamant sans vergogne les enfants de l’hospice dont il a la charge, et la fourberie de Fagin. Surtout, j’ai été marquée par le destin tragique de la généreuse Nancy, maltraitée par Sikes. Dickens a l’art de multiplier les contrastes : à la délinquante bande de Fagin s’oppose le bon Mr. Brownlow et les Maylie, aux bas-fonds crasseux de la misère succède la propreté et le charme idyllique de la campagne. C’est dans ces confrontations que réside la force du roman : elles reflètent la providence changeante et les « twists » de la fortune, l’inégalité des chances et la vie criante d’injustice de l’Angleterre du XIXème siècle.
On pourrait reprocher au personnage d’Oliver une douceur et une sensibilité exacerbées, à la limite de l’invraisemblable : il joint pourtant à son hypersensibilité une force de caractère suffisante pour fuir la misère de sa ville natale et refuser de tomber dans la délinquance londonienne. On entre dans Oliver Twist comme dans un conte : un conte noir, triste, terrible qui laisse peu à peu poindre l’espoir d’une vie meilleure, et l’existence d’une forme de justice divine. Justice non dénuée d’erreur, car parfois les bons meurent, mais justice réelle, qui laisse une chance de rédemption à ceux qui ont emprunté la mauvaise voie, et punit ceux qui persistent dans le crime.
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Et vous, avez-vous lu Charles Dickens ? J’ai adoré Oliver Twist, avec ses retournements, son suspens, et l’attachement qu’on éprouve malgré soi pour tous les personnages, tant ils sont humains dans leurs qualités et leurs défauts (j’ai particulièrement apprécié le sort réservé à Sikes). David Copperfield m’a aussi beaucoup plu, mais je ne vous en dis pas plus : je compte bien lui consacrer un article complet à l’occasion. Et vous, quel roman de Dickens préférez-vous ? Je lirai avec plaisir vos commentaires 🙂