Mémoires d’un orgue, de Nadine Chirol

De nombreuses histoires méritent d’être contées : peu d’entre elles concernent des orgues, et moins encore finissent illustrées sous forme de bandes dessinées. C’est pourtant le cas de l’étonnant voyage de l’orgue historique espagnol de Fresnes, adapté par Nadine Chirol dans Mémoires d’un orgue. Installé en 1768 dans le monastère de Buenafuente del Sistal en Castille, cet instrument chatoyant accompagne les liturgies jusqu’à l’arrivée des armées de Napoléon. Abandonné pendant plusieurs années puis démonté au moment des travaux de restauration du monastère, son existence prend un nouveau tournant lorsque les sœurs le confient à l’atelier de restauration de Frédéric Desmottes

Mémoires d’un orgue reprend cette aventure en mêlant les codes de la bande dessinée et du manga dans un audacieux pari : tout est raconté en noir et blanc, l’orgue étant le seul personnage en couleur. Et quel personnage ! Nadine Chirol propose en effet à son lecteur de se glisser dans les pensées d’un objet vieux de 250 ans, ayant la capacité d’imiter le son d’instruments aussi variés que la trompette, la flûte ou encore la cornemuse. Autour de l’orgue se succèdent des héros du quotidien bien réels, allant des sœurs María et Ana jusqu’aux organistes Jean-Luc Ho et Anne-Marie Blondel, sans oublier l’équipe de l’atelier Desmottes et le directeur du conservatoire de musique de Fresnes.

Le dessin très soigné et les planches dynamiques de Mémoires d’un orgue rendent sa lecture facile et légère, accessible à tous les publics, même (et surtout) à ceux qui ne connaissent rien à la musique. Rigueur historique et humour sont de mise dans ce récit original où aucun détail n’est laissé au hasard. Suivre un personnage inanimé à travers les siècles en variant les mises en scène et les points de vue était un défi de taille et le résultat est à la hauteur : personnifié sans être dénaturé, l’orgue partage ses mémoires avec sobriété. La fiction s’insère naturellement dans la réalité et l’on peut s’amuser, au détour d’un concert à l’église de Saint-Éloi, à tenter de reconnaître les protagonistes bien réels de cette aventure humaine et musicale.

Et vous, avez-vous lu Mémoires d’un orgue ? Qu’en avez-vous pensé ? J’ai adoré le dessin et j’ai beaucoup apprécié l’originalité de cette histoire qui sort des sentiers battus. Je ne l’ai pas lue sans émotion, ayant eu la chance de voir les planches jaillir au fil des mois de la main de Nadine Chirol : j’en savoure d’autant plus le livre final, dont la qualité d’impression est à la hauteur du talent de la dessinatrice !

 

Couverture de Mémoires d'un orgue

La couverture de Mémoires d’un orgue donne tout de suite une idée du ton de la BD : enthousiasme et beauté sont au rendez-vous pour une aventure originale !

Photo de l'orgue de Fresnes

Le héros bien réel de Mémoires d’un orgue ! Chaque détail de sa décoration est fidèlement rendu au fil des pages.

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