Les dieux ont soif, d’Anatole France

Roman paru la veille de la Grande Guerre,
Souvenir de la folie révolutionnaire,
Les dieux ont soif est le récit d’un glissement,
Celui d’un pur idéal qui devient dément.
On y suit, sous la Terreur, au milieu des brutes,
D’Évariste Gamelin l’ascension puis la chute.

Le contexte historique est finement tissé,
Plongeant le lecteur dans les grands noms du passé :
Le Paris de l’été, de l’amour et d’hier,
Le Paris de l’automne, harcelé aux frontières,
Le Paris de l’hiver, du froid et de la faim,
Le Paris du printemps, de l’espoir, du dédain.

L’histoire est d’un jeune peintre, fébrile, enthousiaste,
Généreux et modeste, inspiré, pauvre et chaste,
Que la fortune mène au plus haut tribunal :
Il se fait, de doux et d’aimant, dur et cruel.
Pour protéger la paix il condamne sans frein,
Trouvant justice à guillotiner son voisin.

Les dieux ont soif est aussi un vaste assemblage,
Galerie de nombreux et variés personnages.
Philosophes et mondains, croyants et athées,
Hommes et femmes, divers, plus ou moins mesurés,
Composent ainsi la triste et fidèle fresque,
De cette trouble époque aux airs cauchemardesques.

Il est étrange en effet de se souvenir,
Que la République a sombré dans le délire,
Piégée par l’ambition du pouvoir politique,
Noyée dans des hordes de partis fanatiques,
Balayée par d’horribles complots fratricides,
Créant dans son sillage une meute homicide.

Avertissement, méditation, prophétie,
Sur ce que fut la première démocratie ?
Les dieux ont soif, mais au fond que réclament-ils ?
Ces dieux ne sont-ils que l’autre nom du hasard ?
Qui alors a soif de sang et de vaine gloire,
Qui, sinon de grands fous qui se pensent habiles ?

Émilie – Apprentie Bibliothécaire

 

Illustration représentant Évariste Gamelin

J’aime cette représentation d’Évariste Gamelin, où l’on voit en arrière plan sa plus belle toile, inachevée, représentant Oreste, dont le destin sera comme le sien dominé par la folie.

 

Illustration d'une scène de guillotine

Les scènes de guillotine sont finalement peu montrées dans Les dieux ont soif, décrites ou rapportées indirectement le plus souvent, ce qui fait peser d’autant plus l’horreur et l’arbitraire de cette période.

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