Le monde selon Garp, de John Irving

Ce roman de John Irving est une longue chaîne de hasards, tour à tour drôles, incongrus, tendres ou violents, qui forment la vie de T. S. Garp. De sa naissance à sa mort, nous suivons ce garçon, qui s’essaye à la lutte par curiosité avant de devenir écrivain par amour. Autour de lui gravitent sa femme, sa mère, ses enfants et quantité de personnages secondaires ; chacun représente à lui seul à un art de vivre. Tous évoluent autour de la même problématique : qu’est-ce que l’amour et comment doit-il se vivre ? Comment peut-on le trouver, le perdre puis avoir la force de le rechercher à nouveau ?

Le monde selon Garp n’est peut-être pas un roman réaliste au sens classique du terme. Il accumule trop d’absurdités, trop de violences pour une seule vie. La conception même de Garp paraît invraisemblable, sans parler de cette agressivité autour de lui, toutes ces histoires secondaires d’hommes qui n’aiment pas les femmes, et de femmes qui n’aiment pas les hommes. Quand on regarde notre quotidien de plus près, c’est pourtant bien cette absurdité qui ressort, ce monde dénué de sens, où l’injustice et la haine aboutissent à une mort qui ne résout rien. À cela s’ajoute la mise en abyme du livre parlant de livres, et donnant à lire des extraits de ces mêmes livres. Un roman peut-il et doit-il être engagé malgré lui ? Une question à la fois posée et symbolisée par ce roman qui ne laisse pas indifférent.

De nombreuses scènes de l’œuvre d’Irving sont restées gravées dans ma mémoire : des enchaînements d’actions qui concentrent en quelques phrases tout le questionnement de Garp. Ironique, grinçant, noir, Le monde selon Garp ne doit cependant pas être réduit au simple rang de roman pessimiste. À l’inverse d’un Houellebecq dont la critique acerbe est fermée sur elle-même, Irving laisse place à quelques plages de bonheur entre les tragédies, et son roman s’achève sur un avenir qui reste à écrire. L’existence humaine est absurde, mais la recherche du bonheur ne l’est pas. Encore faut-il s’avérer capable d’être heureux, de surmonter le malheur et d’aller de l’avant : capable de construire, et pas seulement de détruire.

Et vous, qu’en pensez-vous ? Avez-vous déjà lu Le monde selon Garp, ou un autre roman de John Irving ? J’ai également lu Une prière pour Owen, où l’on retrouve le même enchaînement improbable de circonstances et d’ironie, dans un style sobre et efficace, non dénué de complexité. N’hésitez pas à en discuter dans vos commentaires ! 🙂

4 Commentaires

  1. Sébastien Fritsch
    22 Juin 2017

    Belle critique, qui met bien en avant les qualités et les thèmes de ce roman. C’est l’un de mes romans préférés (mais, de toute façon, Irving est l’un des mes auteurs préférés).

    • Pauline Deysson
      22 Juin 2017

      Merci ! 🙂 Ce roman m’a beaucoup marquée, je l’ai lu il y a longtemps et je n’ai aucune difficulté à m’en souvenir. Je compte bien lire davantage d’œuvres d’Irving 🙂

  2. schmit
    21 Juin 2017

    j’ai lu « Le monde selon Garp » lorsque je devais avoir une vingtaine d’années. J’ai adoré ce roman, ses absurdités, ses violences. J’ai ensuite attaqué d’autre roman de Irving en particulier Une prière pour Owen qui m’a boulversée.

    • Pauline Deysson
      21 Juin 2017

      Nous avons lu les mêmes livres alors 😉 Je n’irai pas jusqu’à dire que j’ai été bouleversée, mais ces deux romans m’ont marquée, je me souviens très nettement de certaines scènes, et j’aime cette absurdité de la vie sans cesse mise en scène et questionnée 🙂

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