La correction : exercice répétitif ou redécouverte perpétuelle ?
Alors que les ponts du mois de mai pointent le bout de leur nez, j’entame la troisième grande phase de correction d’Aimer. Comme toujours, l’exercice est ardu. Il faut descendre de son piédestal, prêter l’oreille aux remarques de nos fidèles bêta-lecteurs et se remettre au travail avec un œil critique. Raturer mon manuscrit ne suffit pas. Les phrases en trop sont un problème que je commence à connaître : quand j’écris je suis prise par le feu de l’action et j’aime me répéter. Ce n’est qu’en disant trois fois la même chose pour comparer les effets produits que l’on peut choisir la meilleure manière d’exprimer ce que l’on voulait dire…
Non, la vraie difficulté, c’est la réécriture. Trouver les passages qui gênent, analyser la raison pour laquelle ils arrêtent vos lecteurs et y remédier. En sachant qu’un même problème, tout en étant perçu par tout le monde, vous sera remonté en des termes aussi divers que : « ça piétine », « c’est une question de rythme », « là, j’ai rien compris », « le fond est bon, la forme est à revoir » ou encore « cela tourne au débat philosophique stérile et ne donne pas envie de suivre tes personnages ». Autant vous dire que certaines remarques m’aident plus que d’autres, mais j’apprécie les retours de chacun. Le degré d’attention variable de chacun me permet d’avoir des retours à la fois similaires et personnels.
Comme pour la dernière série de corrections sur Vivre, je ne réécris pas tout. En dehors des suppressions de masse, l’idée est de revoir quelques passages clés pour altérer l’état d’esprit de certains personnages, en laissant les lecteurs se charger du reste. Quand je vois mes erreurs, je me dis qu’être bêta-lecteur n’est pas un exercice facile. Il faut accepter de lire un livre dans sa plus mauvaise version, quitte à le relire tellement qu’on finit par voir les passages fantômes au mépris de la nouvelle mouture. Je remercie donc encore une fois ceux qui se prêtent à l’exercice, ma correctrice en chef, le hérisson de cheminée, mon illustrateur préféré, Batman, la petite fleur fragile et l’auteur en herbe (je cache volontairement leurs noms pour éviter qu’ils soient pris en otage et soumis à la torture par un fan trop impatient de connaître la suite de l’histoire).
Si l’exercice est ardu, rien ne vaut la satisfaction d’avoir donné le meilleur de soi-même pour créer une belle histoire ! C’est d’autant plus enrichissant lorsque, comme moi, on écrit en partie à l’aveuglette. Je redécouvre mon histoire et je m’oblige à préciser des pistes que je n’avais pas prévu d’explorer… Ce qui ouvre d’autres possibilités pour les tomes à venir, ô cercle vertueux de l’écriture. Neil Gaiman dit dans sa masterclass qu’écrire revient à suivre une lumière dans le brouillard. Une fois arrivé, le chemin est tracé et il faut repasser dessus pour donner l’impression qu’on savait depuis le début où on allait… Je trouve cette métaphore très juste (je ne sais pas pourquoi Instagram m’a proposé cette vidéo, vraiment je ne vois pas).
Conclusion : ce week-end je débroussaille la troisième partie, et je me réserve l’Ascension pour une moulinette Antidote, histoire de peaufiner le style. Chose étrange, je n’ai pas envie de lire : sans doute pour ne pas perdre mes personnages de vue. Avec la maladie errante dont on ne doit pas prononcer le nom, je n’ose plus vous donner de date de salon. Celui de Sète est annulé comme tant d’autres, celui de Maisons-Alfort est reporté à l’an prochain et je ne sais pas si le Salon Fantastique aura lieu fin août. La bonne nouvelle, c’est que je suis sûre d’avoir un nouveau livre à vous montrer la prochaine fois que nous nous verrons… Peut-être même en aurai-je deux ou trois !
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Et vous, comment se passe votre confinement ? Impacte-t-il vos projets de lecture et d’écriture ? Combien de fois vous êtes-vous adonné à l’exercice de la correction littéraire et dans quel cadre ? Avez-vous toujours utilisé la même méthode ? À mes débuts j’ai cherché (et trouvé) de nombreux conseils sur Internet 🙂
Bonjour 😊
Les résumés détaillés me paraissent très très utile, surtout pour revoir les incohérences. Je devrais le faire pour ma loonnnnnguuue histoire… 🥴
Lecture/correction, c’est vraiment un énorme travail. Pour ma part, je laisse reposer la pâte 2 ou 3 mois avant d’attaquer…ça me permet d’être plus objective dans mes remarques.
Bon courage 🙂
Tonie
Bonjour et merci pour votre commentaire 🙂
Oui, les résumés détaillés aident beaucoup ! Mais je suis une mauvaise planificatrice, je résume donc après-coup. Je suis d’accord avec vous, 2 ou 3 mois c’est un minimum avant de s’y remettre sur de bonnes bases. Rien de tel que lire pendant cette période de repos d’autres romans pour prendre du recul sur son propre texte !
Bon courage à vous pour votre longue histoire 🙂
Pauline