Chronique d’une mort annoncée, de Gabriel García Márquez

Après L’automne du patriarche et ses phrases non ponctuées de plusieurs dizaines de pages, je craignais de me lancer dans un autre roman de Gabriel García Márquez. Chronique d’une mort annoncée s’est avéré très différent : paragraphes réguliers, rythme haletant, écriture fluide, tous les ingrédients d’un excellent livre étaient au rendez-vous. Comme l’indique son titre, Chronique d’une mort annoncée relate, plusieurs années après les faits, les événements qui ont conduit à l’assassinat de Santiago Nasar par les frères Vicario. Vengeance invraisemblable, enquête sans surprise, amour improbable, ce texte inclassable mêle les genres avec brio.

Ce court roman se divise en cinq chapitres, qui abordent chacun le même épisode sous un angle différent. L’histoire en elle-même est assez simple : la belle Ángela Vicario a épousé le richissime et séduisant Bayardo San Román. Pendant la nuit de noces, il la ramène à sa famille et annule le mariage au motif qu’elle n’est plus vierge. Le lendemain matin, ses frères assassinent l’homme qui l’a déshonorée : Santiago Nasar. Récit déjà connu mais sans cesse répété, auquel chaque personnage apporte son témoignage, ses soupçons et ses regrets, qui sont autant de questions sans réponses. Alors que la fin est déjà connue, le suspens monte au fur et à mesure que le texte se rapproche de son terme et de son commencement : le meurtre de Santiago Nasar.

Puisque les coupables et le mobile sont connus, en quoi réside l’intérêt de ce roman ? Le narrateur s’échine à tout analyser, et l’on se prend à vouloir découvrir un secret qui expliquerait tout, tant cet assassinat semble absurde. Pourquoi personne n’est-il intervenu pour empêcher ce crime ? Pourquoi Santiago Nasar plutôt qu’un autre ? Pourquoi fallait-il que l’évêque passe ce jour-là, pourquoi Bayardo a-t-il choisi Ángela ? Le génie de Gabriel García Márquez est de faire de ces interrogations le cœur de son roman. À travers les détails et les coïncidences qui aboutissent à un fait divers sordide, il questionne ce qui fait une histoire, mais aussi ce qui fait la vie : un jeu permanent de hasard, de suppositions… Et de fatalité ?

Et vous, qu’en pensez-vous ? Avez-vous déjà lu un roman de Gabriel García Márquez ? J’ai adoré Chronique d’une mort annoncée, qui prend à rebours les codes du suspens romanesque pour mieux en user et manipuler le lecteur 🙂

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