Catch 22, de Joseph Heller

Publié en 1961, Catch 22 est directement inspiré des expériences de Joseph Heller pendant la Seconde Guerre Mondiale. L’histoire se déroule sur Pianosa, petite île située non loin des côtes italiennes. La chronologie est floue, mais suit l’inexorable augmentation du nombre de missions imposées aux aviateurs par le colonel Cathcart, de 25 à 80 (le récit s’ouvre à 45). Dénonciation virulente et hautement satirique de la guerre et de ses absurdités, Catch 22 s’attaque surtout à l’ineptie des responsables américains. Dans cette île perdue entre le front et l’arrière, seuls comptent le profit et les médailles : peu importe que la mort soit celle d’alliés ou d’ennemis, de civils ou de militaires. Tout ce qui compte est de rester vivant.

Tel est le combat mené par Yossarian, personnage principal de cette fresque ubuesque qui s’est fixé pour seul objectif de ne pas mourir. Survivre, en dépit de sa hiérarchie prête à tous les sacrifices pour figurer dans le Saturday Evening Post, en dépit de ses camarades qui cèdent tour à tour au désespoir et à la folie, en dépit des officiers qui bombardent leur équipe moyennant finance. Une multitude de personnages gravitent autour de Yossarian, mystiques, paranoïaques, fous de la gâchette (ou plutôt du manche), idéalistes, lâches, bizarres, carriéristes : une infinité de caractères, qui sont autant de manières d’être malheureux.

On peut difficilement qualifier ce roman de réaliste. Dans Catch 22, le papier est la seule vérité : de la ligne de front qui se déplace dans la nuit au médecin bien vivant qu’une feuille d’enregistrement classe malgré lui parmi les morts, en passant par le fameux journal ou le colonel Cathcart rêve de figurer, le papier conditionne le quotidien de tous les hommes vivant à Pianosa. Cette littérature de l’absurde se double d’un style efficace, qui n’est pas dénué de lyrisme à ses heures. Sous couvert de jeu, le lecteur se retrouve pris dans une lente montée en puissance : amusé, curieux, consterné, jusqu’à ce qu’il finisse, comme Yossarian, à retrouver l’espoir. Cela ne peut pas être vrai, telle pourrait être la morale du roman, qui se heurte à la terrible réalité historique de la Seconde Guerre Mondiale. Ce qui nous renvoie au fameux article 22, l’article qui se mord la queue et résout tous les dilemmes par une réponse simple : l’absurde.

Et vous, qu’en pensez-vous ? Connaissez-vous Joseph Heller ? Catch 22 est un roman à la fois prenant et déconcertant, dans la plus pure tradition ubuesque. J’ai aimé le lire, mais j’ignore encore si je m’en inspirerai dans les prochains tomes de La Bibliothèque ! 🙂

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