À l’Ouest, rien de nouveau, d’Erich Maria Remarque

Le succès retentissant connu par À l’Ouest, rien de nouveau lors de sa publication en 1929 est justifié. Incisif, d’un réalisme impitoyable, ce plaidoyer pacifiste d’Erich Maria Remarque conte l’histoire partiellement autobiographique de Paul Bäumer, engagé volontaire durant la Première Guerre Mondiale. Rejoignant le conflit en 1916 suite aux incitations de son professeur nationaliste, le narrateur découvre l’horreur des tranchées et d’une guerre absurde. Il voit ses amis mourir, vit dans la crasse et, lorsqu’il ne combat pas les rats et les poux, se débat vainement contre la peur, les grenades, le gaz et le feu aveugle d’une injustice universelle.

À travers l’expérience de Paul, À l’Ouest, rien de nouveau pose d’emblée la Première Guerre Mondiale pour ce qu’elle est : un conflit gratuit et inutile entre des nations imbues d’elles-mêmes, une guerre menée par des politiciens et des généraux inconscients de la réalité. Russes, Français, Anglais, Allemands, tous ne sont que de « pauvres bougres », contraints à se battre pour rien, aussi effrayés les uns que les autres par leurs propres armes. Ce conflit apocalyptique place ceux qui le vivent à l’écart du reste du monde, creusant un gouffre d’horreur toujours plus profond entre le Front et l’arrière : la plume de Remarque ressuscite cette absurdité sans concession, avec une efficacité accrue par l’emploi constant du présent.

Le lecteur suit Paul dans une succession de scènes, et partage avec lui l’ignorance de l’avenir. Pantin impuissant balloté par les grands esprits, le narrateur tente tant bien que mal de survivre malgré les atrocités dont il est à la fois le témoin, l’auteur et la victime. À l’Ouest, rien de nouveau porte un regard dénué de jugement sur les deux camps : cette absence de haine fait toute la force de ce roman. Après la mort, le tumulte et les cris, seuls demeurent la pitié et le regret du temps vainement perdu. Cette sensation de gaspillage s’accroît au fil du roman, portée par les questionnements du narrateur sur le sens de sa vie et sur la place de la mort dans un tel contexte. À chacun de décider, après avoir lu Remarque, qui est le plus à plaindre, et qui est le plus à blâmer : bien malin celui qui trouvera la réponse.

Et vous, avez-vous déjà lu À l’Ouest, rien de nouveau ? Qu’en avez-vous pensé ? Quel roman de Remarque préférez-vous ? J’ai été happée par ce livre dès les premières lignes, et la fin m’a particulièrement choquée : l’écriture de Remarque est d’une beauté et d’une intensité exceptionnelles.

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Par ici, lecteur !

Cet article vous a plu ? Parlez-en autour de vous !