La rentrée littéraire des éditions Auzou avec Babelio

Actualité oblige, je vous convie aujourd’hui à la rentrée littéraire des éditions Auzou, à laquelle j’ai eu la chance d’assister grâce à Babelio, le lundi 9 septembre 2019. C’est avec un grand plaisir que j’ai découvert, en arrivant dans les locaux de Babelio, les sacs à destination des libraires et lecteurs invités, contenant quatre livres flambant neufs édités par Auzou en septembre : L’homme-dragon d’Eric Sanvoisin, Mytho ! de Pascal Brissy et Yaël Hassan, L’Épopée de Sem de Yann Rambaud et Au cœur de la forêt, recueil de nouvelles publié en partenariat avec l’association Up2green, auquel Erik L’Homme a participé et qu’il représente. En bonus, nous recevons un marque-pages, un calepin et le petit album de Yaël Hassan, Lilou – Ma vie comme sur des roulettes.

Fondée en 1973, cette maison d’édition familiale publie romans et albums à destination de la jeunesse. Gauthier Auzou, responsable de la société, serre personnellement la main à chacun d’entre nous avant de laisser la parole à l’éditrice Krysia Roginski, qui anime la rencontre. Hormis Erik L’Homme, dont j’ai lu enfant Le Livre des étoiles, je découvre l’ensemble des auteurs présents. Méthodes d’écriture, retours d’expériences, c’est l’occasion pour chacun d’évoquer son parcours, ses publications et ses projets.

Père de 9 enfants et de 70 livres, Eric Sanvoisin a écrit à l’initiative de son éditrice un préquel à la série d’aventures de L’enfant-dragon, qui l’a fait connaître et a permis à la collection Pas-à-pas des éditions Auzou de se lancer dans la fantasy. Cet auteur bibliothécaire cherche à écrire pour les enfants qui n’aiment pas les livres et a innové en créant une série de trilogies fantastiques pour les très jeunes lecteurs : deux heures d’affilée représente un temps d’écriture maximal pour cette auteur très occupé.

Yaël Hassan, auteur prolifique, s’est lancée avec Mytho ! dans un récit à deux voix dont Pascal Brissy a imaginé le scénario. Elle aime provoquer à travers ses écrits des rencontres improbables : c’est également ce qu’elle a cherché à faire à travers Lilou, en parlant d’un personnage handicapé sans tomber dans le pathos larmoyant ou le traumatisme. Écrivant dix heures par jour en moyenne, Yaël Hassan aime se lancer des défis et partage avec Eric Sanvoisin un certain amusement dans l’écriture. Elle préfère écrire à la main les premiers chapitres de ses livres avant de passer à l’ordinateur ; je songe avec une nostalgie teintée de soulagement à mes deux manuscrits de 600 pages écrits intégralement à la main, Grandir et Vivre.

C’est poussé par Krysia Roginski que Yann Rambaud a écrit L’Épopée de Sem, développé à partir d’une nouvelle publiée antérieurement. Ce travailleur social auteur de Gaspard des profondeurs vit l’écriture comme un « travail de moine », marathon solitaire et aride où la légèreté n’a sa place que dans la récolte d’idées. Comme les Grecs de l’Antiquité, il voit dans l’ensemble des parutions l’omniprésence d’Eros et Thanatos, l’amour et la mort. Deux thèmes auxquels la série en deux tomes de L’Épopée de Sem ajoute un idéal social égalitariste et solidaire inspiré des Amérindiens. Évitant les thème répétitifs et les personnages manichéens, il prend plaisir à montrer la fragilité de l’homme, en relativisant sa place au sein de la nature.

Vient enfin le tour d’Erik L’Homme, dont le parcours n’est pas des moindres. C’est la première fois qu’il écrit une nouvelle chez Auzou : s’il apprécie le défi, ce genre n’est pas celui qu’il préfère. Dix auteurs ont contribué à l’écriture d’Au cœur de la forêt, dont l’ensemble des bénéfices seront reversés à l’association de reforestation Up2green. Allant contre ses habitudes, Erik L’Homme s’est même abstrait de fantastique dans son texte, inspiré d’une histoire vécue. En plus des exigences de longueurs et des délais, le seul impératif de fond consistait à évoquer la forêt, lieu emblématique de tant d’écrivains parmi lesquels il s’inclut volontiers. Son prochain projet, un album pour enfants écrit avec son cousin, raconte l’histoire de Sidh, un étrange fantôme qui hante un réfrigérateur et n’est pas sans décrocher sourires et curiosité.

Hormis Erik L’Homme, architecte dans l’âme, les trois autres auteurs présents pratiquent l’écriture à la lanterne. Cette expression, qui me correspond également, évoque très bien l’exploration au fur et à mesure, la découverte progressive du texte avant embellissement et peaufinage final : je préfère ce terme à celui de jardinage, que je trouve assez mal choisi. Yann Rambaud utilise l’image du squelette, sur lequel il greffe peu à peu la chair du texte, découvrant au fil des mots que l’animal s’avère à la fois semblable et différent de ce qu’il imaginait.

Yaël Hassan et Erik L’Homme évoquent également leur expérience de l’écriture à deux mains. Tour à tour partenariat et défi où l’on se plaît à surprendre l’autre, cette collaboration peut prendre plusieurs formes. Dans le cas de Mytho !, les deux auteurs écrivaient un chapitre à tour de rôle, du point de vue de leur personnage : une adolescente pour Pascal Brissy, une vieille dame pour Yaël Hassan. Pierre Bottero et Erik L’Homme, dans A comme Association, projetaient d’écrire un livre chacun : le premier à conclure imposait une partie des scènes à l’autre. Yann Rambaud m’a ensuite parlé d’un texte écrit à quatre, une expérience dont chaque participant gardait un bon souvenir mais qu’ils ne renouvelleraient pour rien au monde !

La rencontre entamée à 11h s’achève à 12h30 par une question que je pose à l’ensemble des auteurs : pensent-ils à leur public cible lorsqu’ils écrivent une histoire ? La négative est unanime. Ils se laissent porter par leur texte et leurs idées et écrivent avant tout pour eux-mêmes, en espérant que leurs histoires entreront en résonance avec des lecteurs. Nous manquons de temps pour développer, mais je reste surprise du nombre de projets à l’initiative des éditeurs plutôt que des auteurs : sur l’ensemble des textes présentés pour cette rentrée, aucun n’émane de l’idée unique d’un écrivain solitaire. Gauthier Auzou conclut la matinée sur l’idée d’une lecture plaisir, donnant envie de connaître la suite et de découvrir des personnages. Il est étonnant qu’avec un désir semblable, chacun d’entre nous apprécie des textes si différents : c’est ce qui fait sans nul doute la richesse de la lecture.

Durant la collation qui suit, je fais connaissance avec les blogueuses Lynn Martin, Audrey Fortin ainsi que deux autres lectrices qui se montrent intéressées par l’univers de La Bibliothèque. Après un débat passionné sur nos goûts de lecture respectifs, j’entame une conversation avec Yann Rambaud, dont je partage la vision de l’écriture, à la croisée du plaisir et de la discipline. Il m’avoue ne pas avoir le temps de participer à tous les salons auxquels il est invité et écrire rarement plus de deux heures par jour. La dure réalité des auteurs au double métier me fait relativiser ma position en tant qu’auteur indépendante : je n’ai pas de délais à respecter et je suis assez bien rémunérée par rapport aux écrivains traditionnels. Je ne pars pas sans avoir distribué mes marque-pages et salué Erik L’Homme : je suis très heureuse d’avoir pu échanger quelques mots avec cet auteur et j’espère qu’il aura la curiosité d’aller visiter mon site !

Un immense merci à Babelio et aux éditions Auzou pour cette très belle rentrée littéraire qui m’a donné beaucoup à lire ! Déçue par plusieurs romans jeunesse trop prévisibles et clichés à mon goût, j’ai délaissé cet univers depuis quelque temps déjà : je ne manquerai pas de vous faire un retour de lecture sur les livres qui m’ont été offerts. Et vous, quelle fut votre plus belle rentrée littéraire ? 🙂

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