Livre Paris 2018 : La Bibliothèque fait salon

Livre Paris a ouvert ses portes dans la tourmente : c’est sous une pluie battante que j’ai pénétré le salon du livre ce samedi 17 mars 2018. Je me suis mise au travail sans attendre et le résultat est au rendez-vous : près de 400 marques-pages distribués en deux jours. Aux lecteurs de Victor Dixen, j’ai vanté l’aspect dystopique de La Bibliothèque ; j’ai mis en avant son côté philosophique pour les amateurs de Bernard Werber. Aux fans de Diana Gabaldon (Outlander) j’ai annoncé que de la romance serait au programme ; auprès de ceux de Robin Hobb, Sophie Audouin-Mamikonian et Christelle Dabos j’ai insisté sur la partie fantasy de la série. De l’intérêt de mélanger les genres et de s’adresser à tous les publics… Une héroïne de dix ans dont les amis en ont plus de trente, une dystopie ancrée dans la fantasy et qui empruntera également les chemins de la romance, un conte philosophique et épique, telle sera La Bibliothèque au fil des tomes.

J’ai également fait l’acquisition d’Antidote, merveilleux logiciel de correction que je compte bien utiliser pour expurger Vivre de ses moindres coquilles ! Au fil de mes pérégrinations, j’ai rencontré Bernard Prou, l’auteur d’Alexis Vassilkov et Virginie Wicke, qui m’a chroniquée sur Beltane lit en secret. J’ai écouté Victoria Schwab et Olivier Gay disserter sur les chemins de la fantasy, le plaisir de se faire Dieu et de rendre possible l’impossible, tout en maintenant une grande exigence de cohérence. Ce fut l’occasion de rappeler que ce genre protéiforme est présent partout, depuis toujours, et reste le plus lu au monde, puisqu’il inclut la Bible et tous les textes sacrés. Neal Shusterman, Stéphane Michaka, Vincent Villeminot et Gilles Abier ont quant à eux débattu autour de la dystopie, pendant inversé de l’utopie, qui vise comme elle à remettre en question le présent à travers l’exploration de mondes déformés.

L’oreille de l’éléphant qui m’accompagnait m’a rapporté des échos du monde de l’édition. Envoyer son roman à des éditeurs étrangers pour parvenir à se faire publier par Flammarion (qui reçoit 5000 manuscrits par an) est la voie détournée qu’a empruntée Alice Zeniter : peut-être m’y essaierai-je un jour. Je dois d’abord jeter un œil du côté des Nouvelles Plumes, société d’édition participative qui m’a été chaudement recommandée par deux lecteurs. J’ai appris que le libraire était le moins bien payé sur la chaîne du livre, malgré son pourcentage de 30% : pour survivre, il doit consacrer un maximum de 5% de cette somme au paiement du loyer, 40% à la rémunération de ses salariés et le reste à l’organisation d’événements littéraires. Le grand gagnant est le distributeur, qui marque des points à l’aller et au retour des livres… Lesquels ont un mois maximum pour se vendre à 800 exemplaires (petit succès) ou à 5000 (début de la gloire) avant de repartir pour le pilon. La course à la gloire est effrénée : les libraires reçoivent en moyenne 30 représentants éditoriaux par mois, soit de 1 par jour.

L’édition est aussi un secteur qui recrute : environ 1200 postes couvrant jusqu’à 200 métiers s’ouvrent chaque année parmi les 4000 structures éditoriales françaises, de la correction de manuscrits à la cession de droits à l’étranger. Les auteurs d’hier ne seraient plus publiés aujourd’hui : on préfère à la poésie de Chateaubriand les atermoiements d’une mère qui raconte sa grossesse personnelle comme si c’était une expérience universelle. Preuve que l’édition confond de plus en plus roman et témoignage, et se sclérose dans des genres à la définition surannée. Livre Paris 2018 a ainsi inauguré la scène Young Adult, destinée à tous ces adultes qui lisent autre chose que du réalisme semi-autobiographique. Il ne faudrait pas que la fantasy et la science-fiction se confondent purement et simplement avec les collections pour adultes… Qui sont incapables de se définir autrement que par ce qu’elles excluent. On notera enfin l’omniprésence de l’anglais, même en dehors de la scène Jeunes Adultes : au sein des éditions Lumen, les trois quarts des livres sont américains et ont conservé leur titre d’origine dans la traduction française, de Let the Sky Fall à The Effigies en passant par The Memory-Book. Bouder la langue française serait-il une manière détournée de bouder les auteurs francophones ?

Cette course effrénée entre les lecteurs et les conférences ne m’a pas laissé le temps de participer au speed-dating d’Amazon, mais a ouvert de nombreuses pistes de réflexion que je ne manquerai pas d’approfondir dans mes prochains articles. Si le salon du livre de Paris a le mérite d’aborder de nombreux sujets, chacun d’entre eux ne peut être exploré plus d’1h et se trouve bien souvent survolé. J’aurais beaucoup à dire sur la notion de genre, et je suis entièrement d’accord avec Victoria Schwab… Éditée pour les adultes aux États-Unis, pour les jeunes adultes en France, l’âge de ses lecteurs va de 10 à 80 ans : peu lui importe d’être étiquetée à un public spécifique, tant que ses livres sont accessibles à ceux qui les cherchent. Que les barrières sautent ! Toute fiction, même celle que récompense le prix Goncourt, commence toujours par la même question : « Et si… ? »

Cet article est plus long que d’habitude, salon de Paris oblige ! Et vous, qu’en pensez-vous ? Aimez-vous aller à ce type d’événement ? Qu’y recherchez-vous ? Pour quel auteur seriez-vous prêt à patienter des heures dans une longue file d’attente ? 🙂

2 Commentaires

  1. Virginie
    21 Mar 2018

    Très intéressant ton article. Je dois avouer n’avoir pas assisté aux conférences, je le regrette maintenant. Si j’y retourne l’année prochaine, je prendrais un peu plus de temps pour ça. Il est assez…marrant? Triste? de voir que la France est toujours une exception et se complique un peu la vie à vouloir coller des étiquettes sur tout, n’importe comment. À bientôt Pauline!

    • Pauline Deysson
      21 Mar 2018

      Oui, j’aime bien assister aux conférences, même si elles sont un peu courtes elles permettent vraiment de mieux connaître les auteurs et de « prendre la température » du monde de l’édition. Et je suis d’accord avec toi, cette manie de coller des étiquettes partout est bien française ! Le tout est de le savoir et de ne pas se laisser limiter par ça 🙂 À bientôt Virginie !

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