Les Souffrances du jeune Werther, de Goethe

Roman épistolaire paru en 1774, Les Souffrances du jeune Werther est à la fois une histoire d’amour passionnée et une tragédie romantique. Livre emblématique précurseur des grands mouvements littéraires et artistiques du XIXème siècle, inspiré de faits réels, le récit de Goethe présente, à la manière d’Orgueil et Préjugés, de nombreux traits que l’imitation finira par convertir en clichés : sensibilité exacerbée à la nature, inclination pour la beauté mélancolique des nuits de pleine lune, goût marqué des épopées et des élégies de l’Antiquité, amour impossible envers une figure féminine vertueuse et idéalisée.

Comme le suggère son titre, Les Souffrances du jeune Werther est centré autour d’un unique protagoniste : Werther. Jeune homme incité par sa famille à faire carrière, il rencontre dans la ville où il s’installe la belle Charlotte, dont il tombe amoureux bien qu’elle soit fiancée à un autre. Au fil des lettres, le lecteur voit naître et s’épanouir cette passion condamnée d’avance. Seuls les écrits de Werther sont donnés à lire, tissant comme un long monologue qui nous plonge sans retenue dans les pensées de plus en plus sombres d’une âme incomprise par ses contemporains et éprise d’idéal. En creux se dessine la figure vertueuse de Charlotte, dont on ignore jusqu’au bout les sentiments envers Werther.

Toute sa vie, Goethe sera poursuivi par Les Souffrances du jeune Werther. Best-seller immédiat, traduit, parodié, loué et condamné à travers toute l’Europe, certains accusent le roman d’être à l’origine d’une vague de suicides. Allant à l’encontre des conventions sociales de son époque, Goethe place en effet les émotions et la poursuite de l’idéal au mépris de la réalité au cœur de son livre. Faute de pouvoir s’incarner dans l’amour, la sublimation poursuivie par Werther trouve sa réalisation dans la mort. Loin de faire l’apologie du suicide, Les Souffrances du jeune Werther dénonce autant les excès d’un sentimentalisme démesuré que le poids du carcan bourgeois pesant sur les impulsions de la jeunesse. Une démarche qui, à l’époque des Lumières, est pour le moins révolutionnaire.

Et vous, avez-vous déjà lu Les Souffrances du jeune Werther ? Qu’en avez-vous pensé ? Dans notre XXIème siècle technologique aux mœurs libérées, on pourrait croire qu’un tel roman n’a plus sa place. Il incite pourtant à la contemplation et à une certaine naïveté poétique qui n’est pas sans agrément, et questionne avec autant d’acuité qu’au temps de Goethe l’importance que nous accordons à la poursuite de l’idéal au quotidien. Jusqu’où doit-on accepter les compromis entre ce que l’on souhaite et la réalité ? Tel est le dilemme qui a tant fait souffrir Werther. Le texte, désormais libre de droits, est disponible sur Wikisource si vous souhaitez le découvrir ! 🙂

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