Le prince Fatal et le prince Fortuné, de Mme Leprince de Beaumont

Auteur de la version moderne de La Belle et la Bête, Mme Leprince de Beaumont a écrit de nombreux autres contes, dans la plus pure tradition du XVIIIème siècle. Chacun d’entre eux souligne l’importance de la vertu, de l’éducation et de la droiture en toutes choses, mais Le prince Fatal et le prince Fortuné fait partie des plus originaux. C’est le récit de deux frères jumeaux : Fatal, doté par sa fée marraine « de toutes sortes de malheurs jusqu’à l’âge de vingt-cinq ans », et Fortuné, dont sa mère a souhaité « qu’il réussisse toujours dans tout ce qu’il voudra faire ». Deux dons qui marquent pour le pauvre Fatal le début d’une série d’injustices, et qui réservent quelques surprises aux parents du bienheureux Fortuné…

D’après la fée, Fatal doit souffrir car « s’il n’est pas malheureux, il sera méchant ». À force de se faire battre et accuser à tort, le caractère « violent et emporté » du petit prince se fait doux et patient, tandis que son frère, pourtant bien disposé, devient tyrannique à force de se voir tout accorder au moindre caprice. Abandonné par ses parents, allaité par une lionne, fouetté pour servir de souffre-douleur à son frère, battu par des paysans, exploité par des soldats, Fatal ne trouve de recours que dans la lecture et l’instruction. Quant à Fortuné, dont la mère ne comprend pas qu’il soit analphabète à 10 ans, la fée explique qu’il fallait lui souhaiter « de la bonne volonté, plutôt que des talents ; il ne veut être que méchant, et il y réussit fort bien ».

Au-delà de la morale classique qui veut qu’un cœur droit et honnête soit toujours récompensé, Le prince Fatal et le prince Fortuné est un conte plein d’optimisme sur le lien entre éducation et caractère. Pas de prédestination chez Mme Leprince de Beaumont : l’être humain est toujours libre d’être bon ou mauvais. La responsabilité des parents dans l’affaire n’est pas des moindres, mais plutôt que de donner l’exemple, ils doivent se montrer capables d’adapter leur éducation au caractère de leur enfant, afin qu’il ne finisse ni martyr, ni tyran. Dans le monde de Mme Leprince de Beaumont, Dieu et les fées sont garants de justice, mais l’utopie n’est pas dénuée de cruauté… Peut-être est-ce ce qui fait sa part de vérité ?

Et vous, qu’en pensez-vous ? Aimez-vous les contes de Mme Leprince de Beaumont ? Ils se démarquent des contes précieux de l’époque en ce qu’ils sont plus courts, moins contemplatifs et plus originaux. Pour lire Le prince Fatal et le prince Fortuné, rendez-vous sur Wikisource ! 🙂

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