Le Livre de la Jungle, de Rudyard Kipling

Popularisé par le dessin animé éponyme de Walt Disney, pour de nombreuses personnes Le Livre de la Jungle se résume aux aventures de Mowgli, petit d’homme élevé dans la jungle par une meute de loups, un ours et une panthère, jusqu’à ce qu’il retourne vivre parmi les hommes. Le titre original de l’œuvre de Rudyard Kipling est cependant Les Livres de la Jungle : il ne s’agit pas d’un roman mais plutôt d’une série de nouvelles, chacune suivie d’un chant poétique. Un récit sur deux concerne Mowgli : quand il n’entre pas en scène, la parole est laissée aux animaux de la jungle ou de la mer, aux hommes de l’Inde ou du Pôle Nord, donnant lieu à un étonnant voyage tour à tour drôle et effrayant.

Le Livre de la Jungle est un texte dur. Pas d’animaux mignons et gentils ici mais des tueurs, chacun à leur manière, de Shere Khan le tigre à Bagheera la panthère noire en passant par l’ours Baloo, Akela le chef de la meute, Kaa le python et Tabaqui le chacal. Mowgli apprend très vite à obéir à la Loi de la Jungle, qui régente les rapports des animaux entre eux et les règles de la chasse. C’est un personnage fascinant à suivre, maître de la jungle et de la nature mais étranger à ses propres sentiments. Son incursion parmi les hommes nous permet de voir à travers ses yeux l’étrangeté de nos sociétés, où les apparences sont trompeuses et les mœurs bien différentes de celles de la jungle.

Paru en 1894, Le Livre de la Jungle n’a rien perdu de son mystère. À la fois réaliste et imaginaire, sauvage et familier, certains y ont vu une série de fables morales et politiques, d’autres un parangon du scoutisme, un roman d’apprentissage, une allusion à l’enfance de Kipling ou encore un plaidoyer en faveur de l’impérialisme anglais en Inde. Si l’on peut considérer Mowgli comme une figure du bon sauvage, il n’est pas exempt de la complexité qui est le propre de l’homme. Libre d’errer à sa guise entre les mondes, il est porteur d’une forme de justice primitive à laquelle s’ajoute le goût typiquement humain de l’excès et du risque. À la croisée des espèces, tirant le meilleur de chacune, seul être capable de survivre sans éprouver la Peur, il plane autour de lui une aura de fascination : est-il soumis à la Loi de la Jungle ou bien crée-t-il en la dépassant une nouvelle forme de loi qui lui est propre ?

Et vous, avez-vous lu Le Livre de la Jungle ? Qu’en avez-vous pensé ? Quelle adaptation préférez-vous ? Rudyard Kipling a inspiré de nombreux auteurs, parmi lesquels Edgar Rice Burroughs dont le Tarzan doit beaucoup à Mowgli. J’ai adoré suivre ce personnage, qui partage certaines caractéristiques avec les personnages des autres nouvelles.

Belle illustration de Sergey Artyushenko pour le début de l’histoire !

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