Le Crépuscule d’une idole, de Michel Onfray

J’ai entendu parler de ce livre au moment de sa sortie en 2010. Son sous-titre, L’affabulation freudienne, annonce clairement quel sera le propos de Michel Onfray : remettre Sigmund Freud et la psychanalyse à leur juste place. N’ayant jamais été convaincue de l’universalité du complexe d’Œdipe, et ne considérant absolument pas les femmes comme des hommes avortés obsédées par le pénis, j’étais curieuse d’en savoir davantage sur Freud, sa vie, les aberrations de sa pensée, les raisons de son succès. Le Crépuscule d’une idole n’a pas entièrement satisfait mes attentes : intéressant mais répétitif et manquant de chronologie, l’essai d’Onfray ne s’avère pas aussi percutant qu’il promettait de l’être.

Le texte se divise en cinq parties, qui sont autant de thématiques à travers lesquelles Freud est passé au crible. La symptomatologie attaque la notion de psychanalyse et nous montre en quoi cette science est une philosophie. La généalogie s’attache à la vie de Freud et prouve à travers ses correspondances qu’il fut obsédé par l’inceste dès l’enfance, trompa sa femme avec la sœur de celle-ci et entretint une relation des plus malsaines avec sa fille Anna. La méthodologie examine la naissance de la psychanalyse, démontrant qu’elle s’est construite au fil de nombreuses errances et contradictions. La thaumaturgie dénonce l’absence de guérisons véritables ou d’études cliniques sérieuses. Enfin, l’idéologie replace Freud dans un contexte politique qu’il est impossible d’ignorer à la veille de la Seconde Guerre Mondiale.

Le ton du Crépuscule d’une idole est virulent et très personnel : Onfray n’hésite pas à dire « je » et à se positionner par rapport à son sujet. Ce pourrait être un atout s’il ne multipliait pas les redites et les lourdeurs au fil des chapitres. Du fait de l’absence totale de chronologie, il est contraint de recontextualiser chaque citation, de sorte que la même information est rappelée plusieurs dizaines de fois. Anciennement favorable au freudisme, Onfray met tout en œuvre pour détruire celui qu’il adulait : quête de vérité louable mais qui manque de nuance. Il faut attendre la conclusion pour voir évoqués des thèmes qui auraient dû être mis en parallèle bien plus tôt : la place de la sexualité dans la Vienne fin de siècle, le plan de bataille institutionnel mis en place pour propager la parole psychanalytique, la rencontre d’une philosophie bancale et d’une époque qui s’y prêtait… Le travail de recherche autour du Crépuscule d’une idole n’en reste pas moins admirable : si vous deviez n’en lire qu’une partie, l’introduction, la conclusion et la bibliographie vous transmettrons l’essentiel du texte.

Et vous, avez-vous lu Le Crépuscule d’une idole ou un autre des essais d’Onfray ? Qu’en avez-vous pensé ? Même si je ne partage pas toutes ses idées, je trouve agréable de lire un auteur qui assume ses prises de position, tant qu’elles ne biaisent pas l’objet de son étude. Une chose est sûre, après avoir enchaîné ce livre avec Et Nietzsche a pleuréje suis de plus en plus curieuse de lire l’auteur d’Ainsi parlait Zarathoustra !

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