La Princesse de Clèves, de Madame de Lafayette

La Princesse de Clèves pourrait se résumer en une question : pourquoi ?

Pourquoi la Princesse n’épouse-t-elle pas M. de Nemours une fois libre ?

Pourquoi fait-elle au Prince de Clèves« un aveu que l’on n’a jamais fait à son mari » ?

Cette histoire est celle de l’amour, de la frustration et du bonheur.

Une remarque importante avant de commencer, et applicable à tous les romans d’avant le XXème siècle ou presque : pour bien les comprendre, il faut systématiquement remplacer le mot « vertu » par « bonheur ».

Dans l’Ancien Régime, la vertu, la bonne conduite morale, revêt une importance cruciale, qui nous paraît dépassée aujourd’hui, alors qu’elle est toujours d’actualité, mais sous un autre nom : le bonheur.

Héritage direct de la Grèce antique et du christianisme, pendant plusieurs siècles, la vertu et le bonheur ne faisaient qu’un. Fidélité, charité, obéissance, la vertu était à la fois le chemin et l’origine du bonheur. L’intelligentisa de l’époque en a longuement discuté, car cette définition n’est pas exempte de contradictions. Aujourd’hui encore on n’a point cessé d’en parler, et pléthore de modes d’emploi du bonheur sortent chaque jour : Confucius ou Bouddha revus par les modernes, pleine conscience et autres méthodes de relativisation.

Cette définition suffit peut-être seule à expliquer La Princesse de Clèves.

Cette jeune fille sans prénom aspire profondément au bonheur, et rares sont les héroïnes qui ont comme elle résisté à la passion alors que le chemin devant elle était libre.

Ce n’est pas le poids de la culpabilité qui retient la Princesse, mais une grande sagesse, et la connaissance de l’âme humaine, acquises grâce à toutes les histoires d’amours malheureuses qui lui ont été rapportées. La Princesse refuse M. de Nemours, car elle craint l’inconstance des hommes, et préfère encore se priver d’amour qu’y céder, pour ensuite le perdre irrémédiablement. On regrette moins ce que l’on n’a jamais connu.

D’un autre côté, se priver du bonheur pour s’assurer de ne jamais ressentir la douleur de le perdre est-il un risque qui en vaut la peine ? Car la Princesse finit sa vie seule, et meurt jeune, sans avoir jamais été véritablement heureuse.

Sous ses dehors moralisateurs, ce livre n’est-il pas un conseil caché, celui de céder à la passion, car elle mérite d’être connue ? Céder à la passion, pour ne pas avoir vécu en vain, et ne pas mourir sans un souvenir joyeux.

Et l’histoire de la Princesse nous est rapportée, de même que des histoires lui sont contées, pour que nous ne commettions pas la même erreur qu’elle.

Le pauvre Prince de Clèves est aussi bien à plaindre, qui aime sans être aimé, et meurt de le savoir.

Une énième preuve que l’amour est la clé du bonheur, et que l’absence d’amour est le pire mal qui soit.

Et vous, avez-vous lu ce classique ? Êtes-vous de l’avis de Nicolas Sarkozy ? Discutez-en ici ! 🙂

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