La Jeune Fille sans mains, des frères Grimm

Conte d’une cruauté atypique et dont le schéma narratif ne se retrouve nulle part ailleurs, La Jeune Fille sans mains annonce dès le titre ce qui fera l’objet du récit. On y suit en effet une héroïne très pieuse qui se retrouve mutilée par la ruse du Diable. Son errance ne s’arrête que temporairement lorsqu’elle rencontre le prince charmant, pour recommencer de plus belle des suites des manigances du démon. Histoire traditionnelle de la lutte entre le Bien et le Mal dans le cœur des hommes, que l’on peut supposer adaptée d’un conte païen préexistant, le ton est ici très sérieux et se veut porteur d’une morale évidente.

La Jeune Fille sans mains regroupe cinq personnages qui sont autant d’archétypes. Celle qui donne son titre à la fable est l’image de la pureté et de l’innocence, protégée de Dieu que le Diable cherche par tous les moyens à s’approprier. Ce dernier se démarque ici par sa méchanceté persistante, et prend tour à tour au piège le père et l’époux de l’héroïne, encore que ce dernier se montre plus digne d’elle que son géniteur. Les femmes ici se démarquent par leur force de caractère : la jeune fille, sa mère et sa belle-mère voient clair à travers les manigances du Diable et osent désobéir à ses ordres terribles, là où les hommes en sont davantage victimes.

Le message véhiculé par La Jeune Fille sans mains est bien connu des chrétiens : méfiez-vous des pactes trop prometteurs et ayez foi en Dieu qui vous sauvera toujours. Néanmoins, les épreuves traversées par les personnages sont plus terribles les unes que les autres, jusqu’à l’errance du prince qui ne boit ni ne mange sept années durant alors qu’il n’a commis aucun crime. Si l’on peut admirer la résilience de la jeune fille, qui ne s’abandonne jamais au désespoir, l’attitude de son père laisse songeur. La lâcheté dont il fait preuve est humaine et néanmoins condamnable, rachetée sans doute par l’innocence du gendre. Peut-être, à travers l’image de ces mains coupées qui sont nécessaire à l’homme pour travailler, le conte se veut-il aussi un hommage à la force de l’esprit qui dépasse la condition du corps pour créer la vie et se régénérer en dépit des limites matérielles…

Et vous, avez-vous lu La Jeune Fille sans mains ? Qu’en avez-vous pensé ? J’ai particulièrement aimé l’adaptation animée qui en a été tirée en 2016, et donne aux protagonistes davantage de personnalité et d’humanité. Si vous souhaitez lire le conte original, il est disponible gratuitement sur le site du Voyage intérieur ! 😉

 

Image tirée du film La Jeune Fille sans mains

Cette image tirée de La Jeune Fille sans mains de Sébastien Laudenbach rend très bien compte de l’ambiance du film autant que de celle du conte : un parcours semé d’embûches et de magie vers la liberté et le bonheur.

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