Éveil, de Taiyô Matsumoto

Court manga reçu grâce à Babelio et aux éditions Kana, j’attendais d’Éveil une aventure poétique et mystérieuse dans un monde réinventé, opposant les danseurs invocateurs d’esprits aux sculpteurs qui fabriquent les masques permettant de communiquer avec ces entités maîtresses du climat, de la vie et de la mort. Malheureusement, cette histoire qui se lit en quinze minutes n’en est pas vraiment une. Induite en erreur par un résumé proposant plus de péripéties que n’en contient tout le texte de Taiyô Matsumoto, je me suis ennuyée au fil des saisons qui structurent ce récit en noir et blanc, linéaire et abstrait, où les personnages parlent peu pour dire presque rien.

Le dessin d’Éveil ne manque pas d’originalité. Contrasté, tour à tour fin et grossier, alternant gros plans et vues d’ensemble, parfois assez cinématographique, ce trait n’a cependant pas su me séduire. Trop confus, je ne suis pas parvenue à différencier les personnages et j’avais la plus grande difficulté à leur attribuer les rares répliques du manga. Visages interchangeables et peu expressifs, émotions suggérées par le lointain écho d’un texte étouffé, Taiyô Matsumoto met en scène des événements dénués de contexte, qui pourraient se résumer au rêve solitaire d’un esprit mélancolique.

Double quête de deux frères qui cherchent leur voie, parcours initiatique et poétique, traversée du deuil et de la vie symbolisée par le cycle des saisons, les pistes d’analyse d’Éveil ne manquent pas. Ce manga ressemble davantage à une poésie dessinée qu’à une histoire et devrait à mon avis être présenté comme tel, crainte de décevoir d’autres lecteurs en biaisant leur attente. Sur le plan poétique pur, je reste cependant sur ma faim : l’exploration de Taiyô Matsumoto, en plus d’être très personnelle, n’a provoqué en moi aucune émotion, aucune réflexion sur la vie ou la nature. Où se déroule Éveil ? Que pensent les personnages, quelles sont leurs ambitions et quels sont les enjeux ? Pourquoi danser, pourquoi sculpter ? Toutes les questions sont survolées le temps d’une page ou d’une phrase : charge au lecteur de développer ses réponses à partir des maigres pistes éparpillées dans le récit.

Et vous, connaissez-vous Éveil ? Avez-vous lu d’autres mangas de Taiyô Matsumoto ? Qu’en avez-vous pensé ? Nous sommes très loin des bandes dessinées d’Enki Bilal qui, si elles sont étranges, n’en demeurent pas moins fascinantes : La Trilogie Nikopol m’avait déroutée, mais a finalement su me séduire et m’emporter dans un monde à part. 🙂

PS : je profite de cet article pour vous rappeler que je serai présente ce samedi 1er juin 2019 au salon de l’autoédition à Lyon. Je n’aurai pas de stand mais je vous accueillerai avec plaisir à la librairie éphémère du salon ou au détour de ses allées !

2 Commentaires

  1. CHRISTINE BARSI
    30 Mai 2019

    Merci c’est un bon retour

    • Pauline Deysson
      31 Mai 2019

      Je suis ravie que l’article vous plaise. Bien que ce manga ne m’ait pas convaincue, il est toujours bénéfique de sortir de sa zone de confort lorsqu’on lit ! 🙂

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