Autoédition : pour qui, pourquoi, comment ?

À l’occasion d’un débat sur l’autoédition proposé par Michael Nahon sur la chaîne Youtube des Chevaliers du Savoir, je me suis dit qu’il serait intéressant de revenir aux origines. Pourquoi ai-je choisi l’autoédition ? Quels sont les pièges à éviter et les leçons à tirer de quatre années d’expérience dans ce vaste domaine ? Surtout, quels sont les sites qui m’ont le plus aidée au fur et à mesure de mon parcours ? L’autoédition est en effet une aventure qui se vit à plusieurs. Bien que l’on se sente souvent très seul à ses débuts, la toile regorge de bons conseils que des auteurs ont pris le temps de partager pour aider les nouveaux venus !

Faisons les choses dans l’ordre. Avant de s’autopublier, encore faut-il écrire un livre ! J’ai travaillé sur La Bibliothèque pendant 8 ans avant de publier le premier tome, Grandir. Pendant toute la phase d’écriture, je suis restée dans ma tour d’ivoire : je suis le genre d’auteur qui interdit à tout être humain de lire son texte tant qu’il n’est pas terminé. L’intrigue même est restée top secrète, pour que mes premiers lecteurs la découvrent de la manière la plus neutre possible. J’avais une idée précise de ce que je voulais et je craignais par-dessus tout d’être influencée : je tenais à voir ce dont j’étais capable avant d’aller chercher des avis. Néanmoins, se documenter un peu avant de se lancer dans l’écriture d’un roman permet d’éviter les mauvaises surprises, et je trouve que Mon Best-seller annonce bien la couleur. Narration et caféine propose lui aussi une approche intéressante, notamment sur les trois axes à explorer pour trouver une idée qui tienne la route. Se poser les bonnes questions dès le départ vous évitera de nombreuses difficultés en phase de correction !

J’ai commencé à m’ouvrir au monde une fois mon roman achevé, d’abord en le faisant relire à des bêta-lecteurs (étape essentielle pour progresser), puis en construisant mon site internet. Je tenais absolument à avoir un site vitrine : j’ai opté pour WordPress en me disant que cette plateforme n’était pas la plus utilisée au monde pour rien, et que je trouverais facilement des réponses à mes questions en cas de problème. Le site WP Marmite me fut alors d’une aide inestimable ! Je me suis même acheté un livre sur WordPress afin de faire les choses dans l’ordre. Mes études de documentaliste m’ont aussi beaucoup servi à ce moment-là, puisque je savais déjà comment me préparer à cette aventure. Pour animer le site, j’ai décidé d’alterner les chroniques littéraires (tout auteur étant d’abord un lecteur) et les articles d’actualité (comme celui-ci). J’ai aussi estimé que publier un article par semaine serait mon rythme de croisière.

Tout en construisant mon site, j’ai envoyé Grandir à un certain nombre d’éditeurs, persuadée (bien sûr), d’avoir écrit un chef d’œuvre qu’ils s’empresseraient de publier. Devant le peu d’enthousiasme de Gallimard jeunesse, Pocket Jeunesse, Bragelonne, Mnémos et une trentaine d’autres, j’ai dû me résoudre à publier mon roman en autoédition. Après tant de travail, il était hors de question que le premier tome de La Bibliothèque reste dans un placard ! Citons tout de même Hachette, qui m’a répondu de manière personnalisée (sans piston, promis), en louant le mélange des genres de mon livre mais en déplorant l’absence d’un public cible précis. Inutile de le nier, j’ai tout de même été trop impatiente, et mélangé deux phases qui auraient dû rester distinctes : la recherche d’un éditeur et la correction de mon roman (il faut dire que j’ai mis deux ans à réécrire les 180 premières pages). En passant, j’ai tout de même reçu un contrat d’édition de la part des éditions Persée : après avoir constaté qu’ils étaient relativement absents des rayons de distribution des grandes librairies, et noté qu’ils me réclamaient 3000€ pour publier mon roman, j’ai choisi de décliner leur offre. Ne vous y trompez pas, un vrai éditeur ne vous demandera jamais de payer pour publier votre livre, c’est son métier de prendre le risque financier.

D’innombrables sites listent une pléthore de méthodes pour corriger son roman. Je ne prétends pas à l’exhaustivité et listerai ici uniquement ceux dont je me suis servie. Écrire un roman m’a beaucoup plu par sa clarté, et je ne saurais trop vous recommander le site d’Elen Brig Koridwen, qui regorge de conseils très précieux sur l’autoédition, la correction et la promotion de ses livres. Enfin, pour gagner du temps et éviter de voir la coquille ultime sur votre magnifique exemplaire papier finalisé, ne mettez pas comme moi deux ans à vous décider pour acheter un logiciel de correction ! J’ai choisi Antidote, pour la modique somme de 99€, et je ne l’ai jamais regretté. Il élimine efficacement les erreurs typographiques et n’a aucune pitié pour les répétitions. Si vous préférez faire sans, préparez-vous à feuilleter votre livre à l’écran une dizaine de fois pour traquer les signes de ponctuation solitaires à la ligne (mais vous aurez beau faire, vous ne verrez pas tout du premier coup).

Une fois que le texte frise la perfection (pour ma part, c’est ma correctrice en chef qui donne le go de la publication), vient le temps, pour ceux qui n’ont pas la chance d’avoir un éditeur, de mettre les mains dans le cambouis. Il faut choisir sa plateforme d’autoédition et se préparer à de cruels dilemmes. Lulu ou Amazon ? Avec ou sans KDP Select ? Format papier ou e-book ? Sans parler de Librinova, Bookelis, Iggybook et autres sites qui, quand je me suis lancée en 2016, n’offraient pas les mêmes possibilités qu’aujourd’hui. Serez-vous prêt à faire votre mise en page sous Word sans aide ? Saurez-vous modifier les marges et paginer correctement, puis vous faire graphiste pour élaborer votre couverture ? Parviendrez-vous à obtenir un ISBN pour faire votre dépôt légal à la BnF ? Trouverez-vous la méthode pour vous inscrire sur Dilicom, le catalogue des libraires ? Après de longs débats intérieurs, j’ai fini par opter pour Amazon : j’ai donc fait tout cela moi-même. Cela s’est finalement avéré assez simple, d’autant que toutes les démarches administratives pour enregistrer son livre sont gratuites (bon, d’accord, aujourd’hui obtenir un ISBN coûte 10€). Les sites du Souffle numérique et du blog de MIA m’ont énormément aidée à faire mon choix et à ne rien oublier !

La fin approche : après tant d’épreuves, me voilà lancée ! Grandir est publié, il ne me reste plus qu’à le faire connaître. Après avoir fait imprimer des marque-pages promotionnels à distribuer gratuitement, j’ai commencé par demander des chroniques sur un groupe Facebook dédié, avant de découvrir le site Simplement pro, idéal pour ce genre de démarche. Je me suis aussi lancée dans la grande aventure des salons et des dédicaces : l’expérience d’Anaïs W. m’a beaucoup aidée à y voir plus clair, et le groupe Indylicious fut bien sûr une belle découverte, qui aurait dû me permettre de participer à Livre Paris cette année sans la maladie dont on ne doit pas prononcer le nom. J’ai aussi trouvé des sites intéressants au fil de mes pérégrinations, comme Mécanismes d’histoire ou Monde fantasy, qui m’ont permis d’approfondir certains sujets, allant de la création de cartes imaginaires à la notion de genre littéraire.

Même si je reste déterminée à avoir un éditeur, je ne regrette pas de m’être lancée dans l’aventure de l’autoédition. J’y ai fait de belles rencontres et je continue à apprendre d’autres auteurs et de mes bêta-lecteurs. Après Grandir en 2016, j’ai publié Vivre en 2018 : j’aurais dû publier Aimer en septembre 2020, mais il faudra attendre janvier 2021 pour connaître la suite des aventures d’Émilie. Soyez rassuré, ce retard a pour origine une heureuse surprise, et vous en saurez plus dans mon prochain article d’actualités, d’ici trois semaines ! Je viens de commencer Mourir, le tome 4 de La Bibliothèque. Après mûre réflexion, j’estime que l’écriture doit primer sur la promotion, car mon travail ne me laisse pas le temps de mener les deux comme je le souhaiterais. Si tout va bien, je devrais néanmoins être présente le samedi 3 octobre au premier salon des auteurs indépendants de Sète ! Une bonne nouvelle n’arrivant jamais seule, une nouvelle chronique très enthousiaste vient de sortir sur Vivre : n’hésitez pas à lire l’avis de ce lecteur qui s’est lancé dans le tome 2 sans avoir lu le tome 1 de La Bibliothèque.

Si vous souhaitez vous lancer dans l’écriture, j’espère que cet article vous aidera à aller jusqu’au bout du parcours ! Connaissez-vous d’autres sites utiles aux auteurs en devenir ? En complément de cet article, n’hésitez pas à aller voir la vidéo enregistrée avec Michael Nahon ! Ce fut une expérience très intéressante de se lancer dans le débat de vive voix. 🙂

 

Michael et moi en plein débat sur l’autoédition ! J’ai adoré parler de mon expérience, c’est un échange beaucoup plus dynamique qu’à l’écrit. (Cliquez sur l’image pour être redirigé vers la vidéo sur Youtube)

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