Au Bonheur des Dames, d’Émile Zola

Ce roman raconte l’histoire de Denise, une jeune femme venue de province, qui monte à Paris après la mort de ses parents pour travailler dans la boutique de son oncle. Celle-ci se trouve en face d’un grand magasin de vêtements, Au Bonheur des Dames : au grand dam de son oncle, c’est là que Denise sera irrésistiblement attirée.

Après avoir lu ce livre, vous ne verrez jamais plus un grand magasin du même œil. Même si nous ne sommes plus au XIXème siècle, la fièvre consommatrice décrite par Zola est toujours d’actualité. Loin d’être une grande amatrice de vêtements, je suis pourtant entrée dans cet univers de robes, de draps, de gants et d’éventails avec passion. Les descriptions sont si vivantes que l’on s’imagine sans peine à l’intérieur du magasin ; les vitrines fantastiques, les grands escaliers, tout prend une vie nouvelle sous la plume magique de Zola. Le luxe réservé aux clientes côtoie la misère des vendeuses. Les premières se battent pour un bout d’étoffe, tandis que les secondes s’entredéchirent dans la lutte de l’ascension sociale.

L’histoire se déroule dans une rue, dans un bâtiment, mais c’est tout un univers que dépeint Au Bonheur des Dames. Histoire d’amour délicieuse, ascension sociale improbable, c’est aussi l’analyse de la fin d’un monde et de la naissance d’un autre. Les petits commerces meurent pour laisser la place aux grands magasins, l’aristocratie se démocratise et c’est ainsi qu’apparaît la société de consommation.

Cette analyse est d’autant plus intéressante qu’elle est faite par le personnage de Denise. Personnage étonnamment clairvoyant, que cette femme qui, malgré tout l’amour qu’elle éprouve pour la famille de son oncle, ne peut s’empêcher de donner raison au grand patron, parce qu’il pratique des prix plus bas, parce qu’il rend le luxe accessible à tous. Denise est à la fois lucide et fascinée, et le lecteur l’est avec elle. Lucide sur la montée de la classe moyenne et la fin des petits commerces, fascinée par la puissance implacable de l’argent, et par l’avidité de la masse, monstre avide qui achète et consomme sans être jamais satisfait.

Ce n’est plus un grand magasin, c’est une machine que rien n’arrête, une jungle déchaînée qui attire le lecteur aussi irrésistiblement que Denise. Le paradoxe génial de cette histoire en fait un conte de fées, où la douceur est récompensée, et où la pauvre paysanne finit par épouser le prince.

J’ai lu ce livre jusqu’à 3h du matin. Qu’en avez-vous pensé ? Vous a-t-il autant passionné que moi ? Dites-le ici 🙂

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