Alice au pays des merveilles, de Lewis Carroll

Après la publication de Vivre, le temps de la gloire et du doute s’achève ! Je reprends en ce début d’octobre 2018 mes chroniques hebdomadaires, en commençant par les deux chefs d’œuvre de Lewis Carroll, Alice au pays des merveilles et De l’autre côté du miroir, que je viens d’achever. Respectivement écrits en 1865 et en 1871, très souvent mélangés dans les adaptations cinématographiques, les deux romans du professeur de mathématiques et diacre, connu à l’époque victorienne sous le nom de Charles Lutwidge Dodgson, m’ont longtemps paru abscons. Cette deuxième lecture me les a fait redécouvrir, grâce aux notes on ne peut plus exhaustives et amusantes de Martin Gardner.

Nonobstant la langue anglaise, qui reste relativement accessible dans ces récits, les aventures d’Alice ont en effet tout du rêve. Un enchaînement de faits dénué de logique, des personnages au caractère étrange et incompréhensible, de nombreuses poésies sans queue ni tête, on sort de sa lecture comme d’un songe : à la fois étonné et amusé, voire un peu endormi tant on ne comprend rien. Grâce aux notes, j’ai pu saisir de nombreuses références qui m’avaient échappé à la première lecture : j’ai ainsi appris l’existence d’Alice Liddell, instigatrice réelle de ces aventures fictives, et découvert que la plupart des poésies présentes au fil du texte sont des parodies de poèmes, biens connus à Oxford au XIXème siècle, que nous aurions tous oubliés si Lewis Carroll ne s’était pas avisé de les singer.

En dépit de cet humour difficilement accessible sans notes de bas de page (surtout si vous ne jouez pas aux échecs), Alice au pays des merveilles et De l’autre côté du miroir n’en restent pas moins des précurseurs de l’absurde. Alice Liddell a réclamé une histoire contenant du « nonsense ». Lewis Carroll s’est exécuté : depuis, les commentateurs n’ont eu de cesse de trouver du sens à ce qui, apparemment, n’en avait pas. De la physique quantique appliquée autour de l’anti-lait du chaton Kitty à la rhétorique de l’œuf Humpty Dumpty, en passant par les chapeliers rendus fous à cause du mercure, ces subtilités m’ont fait rire, réfléchir et surtout mieux comprendre l’univers d’Alice. On peut concevoir que, dans une époque victorienne saturée de morale, cette lecture gratuite et libératrice ait rencontré un succès immédiat et jamais démenti. Doux mélange de folie littéraire et d’humour mathématique, je vous recommande chaudement cette balade poétique !

Entre les jeux de mots impossibles à traduire et les clins d’œil réservés aux Anglais de l’époque victorienne, il vaut mieux ne pas vous aventurer seul au pays des merveilles, et choisir une version annotée d‘Alice. Si vous lisez l’anglais, je vous conseille vivement celle du 150ème anniversaire, parue en 2015 et généreusement illustrée par de grands noms du dessin (merci, ô mécène). Sinon, vous pourriez bien finir par devenir une émanation du rêve que fait le Roi Rouge ! Et vous, aimez-vous Alice au pays des merveilles ? 😉

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